Avant-hier j'ai pris le thé avec l'éditeur. Nous avons parlé, reparlé, étions d'accord, pas d'accord, et moi, j'étais surtout inquiète.
Lorsque j'ai tenu entre mes mains pour la première fois "Au Secours Mrs Dalloway", j'étais émue et fière car je savais qu'elle était assez maligne pour se débrouiller toute seule, assez forte pour jouer du coude et se faire une place sur les rayons des libraires peu accueillants.
Avant-hier, lorsque j'ai tenu entre mes mains, cette petite chose, cette chose minuscule, je me suis dit que jamais, au grand jamais, je ne pourrais la laisser sans surveillance, que jamais elle ne pourrait aller, seule, de part le monde, et encore moins prendre les libraires d'assaut. Quant à jouer des coudes, je ne suis même pas sûre qu'elle en ait. J'avais l'impression me trouver face à un bébé né avant terme que l'on aurait posé à côté de la couveuse et pas dedans. Je voulais la mettre sous perfusion, rajouter des vitamines, une vingtaine de pages, d'autres dédicaces, rallonger la bibliographie.
En plus, je suis en désaccord avec l'éditeur, non pas sur le texte, mais sur sa présentation. C'est un texte double, et cette dualité ne me semblait pas assez mise en évidence. Le tout ressemblait à un bébé flamand rose debout sur une patte, alors qu'il m'en fallait impérativement deux."Je ne publie pas des livres pour des imbéciles," était sa réponse sans appel. Fin de partie, la messe est dite, la table est mise. Vous saurez, chers futurs, (j'espère) lecteurs, que vous êtes très intelligents.
Cette chose fragile s'intitule : "Journal Désespéré d'un Écrivain Raté", et doit paraître courant octobre chez Jacques André Éditeur.
Les commentaires récents