Maintenant que nous sommes dégagés des préoccupations sportives, il est temps de penser aux soldes.
Autrefois, dans une autre vie, dans un autre monde, les soldes étaient facultatives. Mais avec un pouvoir d’achat plombé par tout ce que vous savez, pas la peine d’entrer dans les détails, les soldes sont un devoir civique. Je suis donc partie ce matin pour accomplir mon devoir de
citoyenne.
J’ai toujours eu un problème avec les soldes : jamais la bonne taille, la bonne couleur, le bon prix et, généralement coup de foudre pour l’article non soldé. Cette année, je suis partie avec des résolutions en acier et un moral de fer, les matières premières étant à la hausse. Et j’ai cherché, fouillé, retourné, enfilé, et le cauchemar est devenu réalité.
N’ayant vraiment rien trouvé de possible, je prends mon courage à deux mains et franchis la porte de ce que ma petite ville comporte de plus cher et de plus chic. Ici tout est griffé, même les vendeuses, mais parfois étrangement, et je suis immédiatement happée par une professionnelle sans pitié, et me retrouve avec un ensemble sur le dos qui ferait hurler de rire les animaux et prendre la porte au berger.
Je lui dis timidement que ce n’est vraiment pas moi, que ces vêtements « hyper tendance » (l’expression n’est pas de moi,) ne me vont pas du tout.
Elle me regarde avec ses yeux Chanel et répond : « Lorsque vous serez coiffée et maquillée, cela sera parfait. » Je m’obstine courageusement et lui dis que je suis coiffée et que je ne me maquille pas. Son regard, qui vire Lacroix, me pulvérise, son mépris si puissant me paralyse, ce capo de luxe est terrifiant de certitude et je me retrouve dans la rue avec un immense sac et un ensemble, parfait pour le Prix de l’Arc de Triomphe auquel je n’ai aucune chance (ni envie) d’être invitée.
« Tu as trouvé quelque chose ? » demande le berger. « Rien du tout,’ répond l’écrivain qui n’est pas seulement raté mais également menteuse.
Le gros sac est resté dans le coffre de ma voiture. À la tombée de la nuit je le monterai au deuxième étage pour le donner à Virginia Woolf.
Elle le fera parvenir à Mrs Dalloway
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