4. J’ai décidé ce matin qu’il était grand temps d’initier 9,8, et 6 ans aux joies et subtilités d’ « Alice in Wonderland », en Anglais dans le texte, les enfants suscités étant bilingues. À la quatrième ligne de la première page numéro 9 a déclaré sur un ton péremptoire, que ce n’était pas la sœur d’Alice qui lisait un livre avec « no pictures and no conversation » mais sa mère. J’ai expliqué, doucement, que je leur lisais le vrai, le seul, l’unique « Alice » de l’étrange mais génial Lewis Carroll, à ne pas confondre avec le sirupeux film de Disney. Ce n’était, malheureusement, que le début. J’étais pédagogue, j’ai expliqué, lutté, tempêté, et finalement j’ai lâché un mot que Lewis Carroll, dans ses rêves les plus fous, n’aurais jamais, mais jamais, utilisé. J’étais consternée, horrifiée. Les enfants, eux, n’ont pas bronché. C’est vrai que je leur raconte « Death Proof» de Quinton Tarantino, plutôt que « Barbe Bleue» et autres comptes cruels mais infantilement corrects. (Ils écoutent le cd en boucle : « Et la voiture de Stunt Man Mike… » dit numéro 6. « Est-ce que les filles sont déjà mortes ? » interroge numéro 8. Je ne souhaite pas faire école, mais les enfants, eux, adorent. ) J'ai fermé le livre définitivement, leur ai passé un morceau du champignon magique et les ai envoyés discuter avec la chèvre. Quant à moi, je mange un tout petit gâteau qu’Alice avait laissé traîner en espérant disparaître à tout jamais.
5. Les jeux olympiques sont terminés et je suis déprimée, alors que j‘ai réussi l’exploit de les ignorer superbement. Pas une seconde de l’ouverture, pas la moindre petite course, pas une minute de la fermeture. Un sans faute en somme. C’est la raison pour laquelle les Anglais ont gagné tant de médailles. Dès que je regarde mes compatriotes jouer, courir, nager and so on, je leur porte la poisse. Johnny Wilkinson m’a écrit personnellement pour me demander de regarder ailleurs lorsqu’il se prépare à convertir un essai. Ne cherchez pas plus loin sa baisse (passagère) de forme. J’étais donc, assez satisfaite de voir la quantité de médailles qui ont été reçues à Buckingham Palace. Pourquoi, alors, suis-je déprimée ? Je me fais tout simplement beaucoup de souci pour 2012. Comment rivaliser avec cette cérémonie d’ouverture, que je n’ai pas regardée, mais qui a ébloui le monde entier et ses fourmis ? Je ne vois qu’une solution. La seule chose que l’Angleterre possède et que les Chinois ne pourront jamais s’offrir : notre Reine. Il faudrait que la cérémonie d’ouverture soit une sorte de « one woman show » avec la Reine, pile et face, avec tiare, chapeaux, bijoux, gants, et surtout, sac à main, sur grand écran, en Dolby Stereo, et même en trois dimensions. Une performance unique.
Rien que d’y penser, je sombre.
PS Je lui envoie, tout de même, un tambourin pour qu’elle puisse s’entraîner.
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