Et pour Wolfgang, ça marche ! Il est très heureux. « Tu ne croyais pas que j’allais rester dans ton tiroir avec tes ‘has been’ moisis ? » Je lui explique qu’il ne s’agit pas de ‘has-been’ mais de manuscrits en gestation. « Si tu appelles cela ‘gestation’, je ne voudrais pas assister à l’accouchement ! » Pétillant et monté sur ressorts, n’ayant vraiment pas un tempérament de « recalé, je l’ai laissé à Saoû, entouré d’admirateurs, et surtout d’admiratrices, racontant de sa petite voix pointue ses déboires avec l’horrible Colloredo.
Je lui demande pourquoi il choisit cet épisode, un peu sordide, alors que sa vie était faite de tant et tant d’autres aventures fantastiques.
« Regarde les ! » Quelques mouchoirs sont déjà bien en évidence, et tous les regards sont troubles. « Je les connais, elles ne résistent pas à l’injustice. Elles vont toutes vouloir me consoler ! Excuse-moi, j’ai du travail. » Et le petit homme virevolte de l’une à l’autre : une caresse, un frôlement, un mot, un sourire à peine esquissé, le génie aux 626 œuvres a du répondant. « Tu sais ce n’est pas pour rien que j’ai rencontré Casanova à Prague en 87 ! » Je pensais que cette rencontre, assez stupéfiante il faut le dire, avait surtout donné lieu à quelques discussions sur le rôle de Leporello. « Tu plaisantes ! » glisse l’insupportable séducteur, « tu n’imaginais pas que j’allais modifier le livret juste avant la première ! On a beaucoup discuté, » clin d’œil malicieux, « mais pas vraiment de ‘Don Giovanni’. »
L’histoire est une rude école. Les faits nous échappent et se transforment au gré des rencontres. Je m'en vais, sur la pointe des pieds, laissant à ses marivaudages ce génie insupportable, mais avec la ferme intention de partir à Prague pour demander quelques éclaircissements à Giacomo.
Stop Press.
Il n’y a pas que l’Histoire qui soit une rude école. Je viens de recevoir un coup de fil de la metteuse en scène pour me dire que ses neufs comédiens ne se sentent pas à la hauteur du travail nécessaire pour monter cette pièce. Elle prévient le Président.
Elle est désolée. Ils adorent tous la pièce. (Thank you) Ils sont tous désolés. (Il y a intérêt.) Elle est de nouveau désolée. (Je ne remercie plus) Ils vont m’écrire des petits mots. (Je les attends.)
Mais j’ai un problème sérieux : Mozart refuse de prendre place dans le tiroir.
Excuse-moi, ma chère Mary, mais je ne comprends pas : ils ne se sentent pas à la hauteur, et tu as fait tout ce travail pour rien ?
J'espère que je me trompe et si oui, je t'embrasse très très fort, car je sais vraiment ce que cela représente de voir son travail, je ne trouve pas les mots, je vais dire "inutilisé", et je comprends qu'il ne veuille pas rentrer dan le tiroir. Mes peintures et mon livre de chats sont sorties de ma mémoire...
Je t'embrasse
Joëlle
Rédigé par : LE CHEMIN DU BONHEUR | 19/11/2008 à 11:38
Joëlle ; tu as absolument tout compris. Administrateurs, présidents, trouvent tous la pièce parfaite. Les acteurs, eux, se dégonflent. Je pense que c'est une situation assez cocasse. Mais qui ne me fait pas trop rire. Sniff et spleen.
Rédigé par : mary dollinger | 19/11/2008 à 11:56
Zut alors! Sont ce des acteurs ou des poules mouillées?
Ne me dis pas ... depuis, ils ont, je suppose, repris les répétitions....
Rédigé par : Gilgamesh | 23/11/2008 à 19:48
Gilgamesh : alors là, tu as tout faux ! Considérons cela comme une sorte d'atelier d'écriture personnelle !
Rédigé par : mary dollinger | 23/11/2008 à 20:50