Chère Ségolène,
J’ai bien reçu le petit carnet et je t’en remercie de tout cœur. Je marquerai toutes tes merveilleuses inventions linguistiques avec promptitude, sois sans crainte. Comme tu le sais je suis une Anglaise amoureuse de la langue française, et qui admire avec une amplitude sans bornes la façon dont tu domptes cette langue bien capricieuse.
J’ai bien souri en lisant ton compte-rendu de la réunion de l’autre soir. Je ne sais pas ce que tu vas faire avec ta statue africaine, mais j’ai bien peur que Martine ne casse séance tenante la porcelaine que tu lui avais sournoisement offerte ! Si la statue t’embête vraiment la chèvre se propose en toute simplicitude de te la prendre, elle est très « ethnique » en ce moment et rêve de vastitudes désertiques.
Tu étais vraiment très belle avec tes cheveux tirés en arrière et tes dents bien en avant. Mais ce qui m’a le plus frappé c’était ta voix dont la profondeur ne pouvait qu’émouvoir. De tes lèvres, ourlées de satin, (à ton contact je deviens poète, moi qui ai toujours eu des problèmes avec les tournures tant soit peu enrobées), tombaient des platitudes cristallines d’une sincérité toute politique. En résumé, tu as cartonnée. La seule fausse note, les cornes de brumes qui ont accueilli ton discours et qui pouvaient sous-entendre que tu naviguais dans le brouillard. Mais avec la rectitude que l’on te connaît, le regard en fer de lance, la rigidité noble qui te caractérise, et la bravitude qui te poursuit en toutes circonstances un peu de brouillard ne doit pas te faire bien peur.
Je t’envoie un exemplaire de la pièce que j’ai écrite pour les vingt ans du festival « Saoû chante Mozart » et dont je viens de recevoir les premiers exemplaires. Tu liras attentivement la dédicace, sorte de résumé de l’immensitude de mon admiration pour la femme politique que tu es et l’amie que tu es devenue.
La vie sans toi serait bien morne.
Avec l’assurance de ma bien fidèle mansuétude,
Mary.
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