Dimanche nous sommes descendus à Aix-en-Provence où nous avions rendez-vous avec les autres grands parents pour échanger petits-fils un et deux, contre trois pots de confiture d’oranges amères. Normalement l’échange se fait à Avignon, à peu près à mi-chemin. Cette fois-ci nous sommes descendus plus au sud, car il fallait absolument que je visite un endroit que je ne connaissais pas du tout mais qui figure dans ce roman qui m’empoisonne la vie.
Il faisait un temps de rêve, tout était beau et je suis rentrée la tête remplie d’images formidables à coucher sur papier dès le lendemain.
Lundi sera, donc, une journée littéraire.
Lorsque le téléphone sonne à 9 heures, je suis déstabilisée, lorsqu’il ressonne à 9 heures 30 je crains le pire. Les coups de fil m’annoncent l’arrivée de deux tracteurs : le premier (grand prix de la Drôme 2007 pour l'engin le plus polluant,) pour labourer le potager et le deuxième la prairie de la basse-cour qui manque cruellement d’herbe. (« On a la dalle, » grogne une voix bien connue.) La présence du berger étant essentielle pour ces deux opérations, je suis réquisitionnée pour aller chercher les journaux. Une toute petite chose, mais parsemée d’embûches car on rencontre forcément beaucoup de monde, et à la campagne il est interdit d’être pressé et surtout interdit de dire qu’il s’agit d’une journée littéraire. J’arrive à la maison juste à temps pour servir le pastis à l’un et un café à l’autre, et les abreuver de conversations reconnaissantes.
Il est maintenant midi, la maison est vide, calme, et je m’apprête à défaire ce trop plein d’images qui bouillonne dans ma tête, lorsque le téléphone sonne de nouveau. Cette fois-ci il s’agit d’amis qui doivent venir déjeuner le lendemain. Ce sont des amis chers et j’ai peur d’une annulation. Aucun risque, car ils sont déjà devant la porte. Un rapide coup d’œil sur le calendrier montre que c’est eux qui ont raison et que le déjeuner de fête que je dois préparer le lendemain est à peine décalé. Je suis en jeans élimés, la mode, je sais, mais uniquement lorsque c’est fait exprès et si je croisais le berger entre chien et loup, je ferais immédiatement le 112. Mais l’amitié est une chose bien précieuse et on nous trouve très en forme.
Finalement, leur champagne aidant, je concocte un repas présentable, (je me demande, d’ailleurs, pourquoi on fait la cuisine d’avance, il suffit d’avoir trois congélateurs remplis à ras bord et tout devient possible). Ils partent vers 7 heures du soir. La journée littéraire a vécu.
Ce matin je fais cuire, le plus rapidement possible, ce qui était prévu pour les amis qui n’en goûteront pas une miette, et m’installe, enfin, à mon bureau. Et là, une toute petite idée se fraye un chemin à travers les images de dimanche et je sais que la matinée est de nouveau à la poubelle. Lorsque p.e. un et deux sont arrivés, j’avais confisqué leurs billets de train de peur qu’ils les égarent. Jeudi soir, ils remontent par le TGV et leurs billets sont toujours ici. Direction Chronopost avec la sensation de ne plus rien contrôler.
Maintenant les épreuves de cette chose étrange que je dois assumer sont arrivées. L’éditeur suggère une lecture à haute voix. Je pense que je suis aphone.
Les images s’estompent.
La chèvre est hilare.
Hum.. le pastis c'était pour qui déjà?
Rédigé par : lomi lomi | 04/03/2008 à 20:20
Il va falloir prendre le maquis.... seule façon, peut être, de trouver la tranquillité nécessaire à l'exercice d'une activité littéraire continue...
Certains se réfugient à l'hôtel, ou dans une campagne perdue.
Quoique, à la campagne, parfois, les tracteurs aussi peuvent devenir agaçants...
Bon courage!!!
Rédigé par : Gilgamesh | 04/03/2008 à 22:18
lomi lomi : à ton avis ?
Gilgamesh : un mistral incroyable écrase la campagne. Tout le monde est planqué. J'ai pu avancer...
À propos de tracteurs, c'est toi le specialiste !
Rédigé par : Mary dollinger | 05/03/2008 à 17:49
Lorsque je te lis, j'ai l'impression de lire ma vie ! Jedevais commencer ma dure vie de peintre besogneux aujourd'hui, mais voilà, le réalisateur que j'avais rencontré à Venise s'est manifesté, et doit venir à la maison (je ne sais pas si c'est le mot qui convient en ce moment, étant donné l'état et de l'intérieur et de l'extérieur) donc, un grand ménage de printemps s'impose, plus, plus plus, je peins quand moi ?
Ma chère Mary, nous devrions créer une association !
Chaleureusement
Joëlle
Rédigé par : LE CHEMIN DU BONHEUR | 06/03/2008 à 08:50
Il faut tenter le gueuloir comme Flaubert ! j'ai hâte d'en savoir plus sur ce nouveau livre !
Rédigé par : cathulu | 08/03/2008 à 12:34
Joëlle : join the club.
cathulu : c'est quelque chose d'étrange, mais qui est apparenté, ni de près ni de loin, à la collection Arlequin !
Rédigé par : Mary dollinger | 09/03/2008 à 10:49
J'adore ta façon de commenter les évènements! C'est Génial. Pour ma part, le clochard de mon nouveau manuscrit est à l'hôpital et je ne sais pas encore ce que je vais en faire. Le pauvre il s'est fait renverser après avoir passé une nuit en cellule de dégrisement au commissariat de Metz. Je vais peut-être d'ailleurs transporter ce commissariat ailleurs. Je suis assez indécise...En attendant mon mendiant est au chaud... Tout bouillonne, comme tu le dis si bien, il va falloir que je continue un peu avant que le couvercle de la marmite ne saute...
Bonne journée.
Bises.
Violette
Rédigé par : Violette | 10/03/2008 à 01:20
Violette : essaye un petit coup d'insomnie, rien de tel pour mettre les idées en place.
Rédigé par : Mary dollinger | 10/03/2008 à 10:54
Ton article est un vrai rayon de soleil ! je m'amuse beaucoup à te lire. Dommage pour ta journée, il va falloir prévoir un casque avec des bouchons d'oreilles, des lunettes noires, et te renfermer au grenier ou à la cave... difficile de s'isoler quand il faut gérer la maison ! J'espère, pour toi, des jours littéraires meilleurs...
Amitiés
Azyadé
Rédigé par : petites causeries près de ma souris | 12/03/2008 à 10:08
Azyadé : l'astuce et de disparaître au deuxième étage chez "Viginia Woolf" avant...
(Bravo pour les marques pages.)
Rédigé par : Mary dollinger | 12/03/2008 à 17:31