Voyager en avion n’est pas un mode de transport naturel.
Traverser le ciel, les nuages, planer au-dessus de notre pauvre terre en crachant une quantité incalculable de choses néfastes qui vont pourrir la planète, polluer l’air que nous essayons de respirer, et mettre en danger la vie future d’enfants et petits-enfants n’est pas une démarche aisée. Mais tout ceci n’est qu’une excuse écologique pour dire qu’en avion j’ai peur. Pas une toute petite peur, pas « à peine stressée mais je me soigne », mais une peur gigantesque qui me terrasse, me paralyse, et fait émigrer une vaste quantité de cellules grises que je foule au pied au risque de glisser car ces petits éléments essentiels sont affreusement glissants. Je résume : je suis une masse d’épouvante qui, par la même occasion, est devenue totalement stupide. À tel point que j’ai essayé, avec une obstination pathétique, de prendre l’avion pour Tunis. Je dois remercier le personnel au sol de m’avoir refoulée, avec ménagement, en m’indiquant, ce qui était marqué en toutes lettres pour celui qui sait lire, la bonne porte pour Istanbul.
Et puis j’attends le moment le plus dur : le passage dans la sorte de tunnel sans fenêtres qui mène au purgatoire. À partir de cet instant, je suis persuadée d’avoir pris un aller simple, et de traverser le Styx sans possibilité aucune de revenir en arrière. (Voir page 7 de « Au Secours Mrs Dalloway. ») Je commence à penser à toutes les choses que je n’ai jamais dites à mon mari, mes enfants, mes petits-enfants, ma famille, mes amis, les animaux, à la terre entière. Tous ces actes manqués me bouleversent, et je commence à pleurer doucement. Lorsque j’arrive au 7 G (surtout pas côté hublot) je sanglote carrément. Mais éducation britannique oblige, je sanglote d’une façon invisible ce qui extrêmement inconfortable tout en souriant urbi et orbi en espérant que lors de la catastrophe inévitable, il y aurait au moins une ou deux personnes qui voudraient bien me tendre la main.
Je passe sur le décollage où je ferme les yeux, sur la vitesse de croisière où je fais semblant de lire en tournant les pages à l’aveugle, sur la nourriture immonde qui prend vie en s’étalant, et se tartinant sur ma personne avec une désinvolture qui me sidère, et je prie, avec ferveur, pour que le pilote ne soit pas en froid avec sa famille et compte absolument la retrouver au plus vite.
Au moment de l’atterrissage, en état de choc, je suis toujours la dernière à quitter l’avion car, étant en pièces détachées,
un travail de réassemblage est nécéssaire.
Je crois que je suis arrivée à Istanbul.
Si tel est le cas, rendez-vous demain.
Quel courage ! Oser affronter ses démons pour aller voir ses petits enfants, si ce n'est pas de l'amour ! J'espère que tu vas te remettre très vite et ne pas anticiper trop vite le retour (en plus il fait un temps affreux).
Chat l'heureusement
Joëlle
Rédigé par : LE CHEMIN DU BONHEUR | 12/04/2008 à 19:23
J'ai un mauvais souvenir d'un voyage au cours duquel nous avons tous cru notre dernière heure arriver. Certains priaient, d'autres pleuraient.. Je crois être passée par toutes ses phases de manières très fugaces pour finir en une espèce d'état fataliste, en paix, redoutant le moment du chaos: j'ai pris une main de ma fille pleurant, et l'ai mise sur mon coeur, mon autre main sur sa cuisse près de moi et nous sommes restées ainsi, avion pris dans la tourmente ne sachant plus où aller après un atterrisssage raté.... (j'ai appris il y a peu qu'en cas d'atterrissage dangereux les pilotes ont 12 secondes pour se mettre d'accord, ils se sont mis d 'accord dans ce laps de temps, judicieuse décision pour notre survie). Depuis notre fille, qui avait alors 14 ans, sait qu'il y a eu un pb mais ne se souvient plus vraiment: amnésie de confort.
Euh quand rentres -tu ? je ne t'ai pas mis la pression non?
Rédigé par : lomi lomi | 12/04/2008 à 19:44
J'ai la même peur bleue de prendre l'avion. A ceci près que je ne ferme pas les yeux au décollage, j'ai toujours pensé qu'avec les yeux ouverts, ma tête ressentait moins le vertige :)) LOL. Mon ex-mari me disait toujours: en probabilité, l'avion est le transport le plus sûr, dis-toi bien cela.
J'ai pris l'avion plein de fois, cela n'a rien changé. Affronter ses peurs, c mieux q de rester chez soi.
A très bientôt, biz.
Rédigé par : Elisa | 13/04/2008 à 14:54
Je ne suis pas très à l'aise dans les avions (alors qu'avant, je n'avais pas ce problème) mais j'arrive à peu près à maitriser ma peur. Par contre, lors d'un voyage, j'étudie toutes les possibilités de transport pour voir si je peux éviter le transport aérien ;) Et je refuse catégoriquement de prendre l'avion toute seule sans mon petit mari qui me rassure !
Rédigé par : Joelle | 13/04/2008 à 18:43
"le passage dans la sorte de tunnel sans fenêtres qui mène au purgatoire" n'est qu'une passerelle... Un conseil : prends l'avion au départ de nice (je sais ça fait une trotte) mes les passerelles sont transparentes (sauf le sol bien sûr) et tu vois non seulement l cockpit mais aussi la tête des pilotes, parfois cela peut se réveler rassurant!
ravie que tu aies atteinte la dstination et re-bonnes vacances:)
bises
Rédigé par : lili | 13/04/2008 à 20:59
Joëlle-Venise-chat : je suis déjà de retour...courage pour le livre.
lomi-lomi : horreur, double horreur !. Mes vols sont toujours sans histoires ce qui n'est, statistiquement, pas normal !
Elisa : je suis bien d'accord avec toi, et le bonheur d'attérrir vaut bien quelques angoisses.
Joëlle : le grand problème cette fois ci : l'absence du mari justement !
lili : je ne suis pas sûre que voir la tête du pilote me rassure !
Rédigé par : mary | 14/04/2008 à 10:00
Mon Dieu!!!
L'orient express, avec à son bord Hercule Poirot, son assassin et sa victime...Ce ne serait pas mieux?
Le voyage serait plus "pittoresque" non?
J'ai peur de l'avion aussi....
Rédigé par : Gilgamesh | 17/04/2008 à 22:51
Gilgamesh : tous les gens bien ont peur de l'avion. L'orient express, avec ou sans HP serait un rêve...
Rédigé par : Mary dollinger | 21/04/2008 à 10:06