Bien entendu, je n’avais pas le choix. Devant le désespoir de ma petite Mélodie, il fallait trouver une solution rapidement. J’ai donc passé une demi-heure à écrire de fausses lettres à la Chèvre, exprimant, pour la plupart, mon admiration, mais avec quelques-unes pas vraiment sympathiques en espérant que cela lui couperait l’envie de recevoir du courrier. Évidemment, c’est ces dernières qui m’ont fait le plus plaisir. J’ai tout mis dans la boîte aux lettres, sans timbres, et avec des adresses assez fantaisistes. Demain, je les lui livrerai après le passage de la factrice.
Mais la grande nouvelle du jour est tout autre. Le fermier des ânes vient de partir. Il était porteur d’une nouvelle qui a fait plaisir à personne : les deux ânes vont partir la semaine prochaine pour la montagne où ils s’occuperont de la logistique d’un troupeau en haute montagne. Autrement dit, ils vont être bâtés. Bien sûr, il n’a pas osé leur annoncer ce changement de cap : camp de vacances contre camp de travail. Je l’ai fait avec la plus de diplomatie possible.
Nos deux pensionnaires sont mère et fils. La mère, toute sagesse, le fils plus fougueux. Ils ont écouté attentivement, puis le fils, qui s’appelle Olympe mais qui a nullement envie de gravir les sommets, s’est mis à rire. Un rire caverneux, un rire d’âne, entre le fait de braire (je ne connais pas le nom qui correspond) et toux de fumeur invétéré. Puis il s’est roulé par terre, ses sabots faisant des moulinets joyeux en criant : « Est-ce que j’ai l’air d’un âne bâté, moi ? » Évidemment, avec ses pattes qui faisaient du sémaphore, pas vraiment. « Est-ce que tu m’as déjà vu avancer lorsque je n’en avais pas envie ? » Sûrement pas. « Ou faire quelque chose qui risquerait de me fatiguer ? « Non plus. « Alors arrête de te faire du souci, nous serons de retour avant le premier quart. » Là, il a fallu des explications. « Tu dis que nous partons mercredi ? C’est la pleine lune, alors fais le calcul. »
Quant à la mère, elle souriait tendrement en écoutant son fils et remarqua fièrement : «Celui qui croit qu’il peut faire avancer mon petit, n’est pas encore né. »
Les ânes ne cesseront de m’étonner, et le fermier n’est pas au bout de ses surprises.
(Sur la photo, Olympe est au premier plan.)
Comme elles sont belles !
Je veux les mêmes !
Chat l'heureusement
Joëlle
Rédigé par : LE CHEMIN DU BONHEUR | 14/06/2008 à 08:54
Joelle : Les ânes m'ont dit de te dire qu'ils préféreraient aller à Venise avec toi, plutôt que de grimper aux sommets !
Rédigé par : mary dollinger | 14/06/2008 à 09:08
Ecrire de faux courriers...
Est ce bien raisonnable de tromper ainsi l'attente de cet animal?
Je ne manquerai pas de lui en envoyer de réels bientôt.
Quant à Olympe et à sa maman, ne préfèreraient ils pas accompagner un pauvre pèlerin sur le chemin de Compostelle?
Rédigé par : Gilgamesh | 14/06/2008 à 15:42
Gilgamesh : ils sont d'accord tous les deux pour un petit pelerinage et sont saisis, subitement d'une crise mystique aïgue. Je préviens le fermier.
Rédigé par : mary dollinger | 14/06/2008 à 16:15
J'ai adoré ton histoire de transhumance avec les ânes... trop rigolo !!! Merci pour ce clin d'oeil, moi qui suis loin de la montagne... Ici, ce sont les voiliers, les catamarans qui font les clowns sur la mer, avec leurs voiles de toutes les couleurs !
Rédigé par : petites causeries près de ma souris | 19/06/2008 à 11:57
petites causeries : merci pour ta carte postale maritime, moi qui aime tant la mer
Rédigé par : mary dollinger | 26/06/2008 à 16:06