Les arbres s’emmêlent dans un ciel pas vraiment à sa place, très occupé à déverser des sauts d’eau sur mes fleurs qui ont très mal à leurs têtes. Et je suis déprimée. Comme la Drôme je suis en alerte orange et l’affaire n’a pas l’air de s’arranger. Je suis allée regarder la petite rivière qui borde la propriété à l’est. Ses eaux limpides sont transformées en une sorte de capuccino géant, qui, au lieu de déambuler nonchalamment, sprintent comme un champion aux lacets défaits. Je l’interroge sur cette énergie inhabituelle : « Ne vous inquiétez pas, » souffla-t-elle en bondissant par-dessus un petit rocher. » Dîtes aux chèvres de sortir leur maillot, j’arrive, alors prenez vos dispositions. » Je lui fais remarquer que jamais, de mémoire des habitants du coin, elle n’a quitté son lit. « Les choses sont différentes maintenant, je suis syndiquée, alors j’ai tous des droits ! » Vu la force du courant, c’est avec une certaine diplomatie que je lui demande avec qui, et comment est-ce possible de tenir des réunions étant donné que tous les membres du syndicat sont en mouvement perpétuel, ce qui est le propre des rivières. « J’appartiens au S AM (Syndicat des Affluents Mineurs), personne ne fait attention à nous alors on se permet certaines dérogations. Tu peux dire au berger de sortir les barques ! » Comme nous n’avons pas plus de barques que les chèvres de maillots, il n’y a rien d’autre à faire qu’à attendre. Les heures à venir ne seront pas forcément réjouissantes.
Mais parfois le creux de la vague permet des moments de réflexion positive. C’est mon cas. Ce matin, j’ai décidé de devenir « nègre ». Pendant des années, j’ai vaqué dans un monde imaginaire, très personnel, pas forcément au goût de tout le monde. Alors, j’ai décidé de m’occuper des autres, contre espèces sonnantes et trébuchantes, bien entendu. À voir les livres de nos hommes et femmes politiques achetés par tant de gens qui ne les lisent pas, est une injustice à laquelle je suis sensible. J’ai contacté plusieurs personnalités auxquels il manque « le livre », accessoire indispensable de la rentrée. Je vais rajouter une louche d’humour britannique, ingrédient indispensable pendant cette période de noirceur économique, de noirceur tout court, avec météo à l’identique..
Je vous laisse.
Le ministre de l’intérieur est en ligne.
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