
Si vous suivez assidûment ce blog, vous saurez que notre
voisin a un mât où flotte le drapeau tricolore pour le 14 juillet et les
championnats de rugby. Il s’est proposé spontanément de mettre le drapeau en
berne. De même que le curé sonne le tocsin et les voisins défilent. Car le coq
est mort.
Hier le berger est allé chercher du grain pour les animaux.
Il a oublié un seau rempli de maïs devant la barrière. Le coq, qui malgré une
certaine obésité, arrive à voler approximativement, s’est installé à côté du
seau pour améliorer son ordinaire. Et il est resté longtemps. Lorsque le berger
l’a retrouvé, il était ivre de grain. Incapable de voler, et marchait en
titubant, et ce matin, il est mort.
Raide.
J’ai délaissé les travaux en cours, pour apporter une
aide psychologique à ses poules. Elles étaient six réunies autour du cadavre.
(Les poules blanches, que vous connaissez, ont vécu leur vie de poules. Elles
sont parties, sans se presser : 4 heures au four accompagnées d’une
bouteille de vin blanc et de petits légumes. Les nouvelles sont noires, tout à
fait en phase avec ce qui venait de se passer.)
J’ai commencé par quelques paroles, bien choisies, sur la
mort qui fauche, mais n’ai pas eu le temps d’aller plus loin car j’ai entendu,
très distinctement, un rire étouffé. Puis un autre, puis un, pas étouffé du
tout. Et, devant mes yeux ébahis, tout le gynécée de s’ésclaffer, se rouler par
terre, et rire si fort que l’on n’entendait plus du tout le tocsin.
« Bien fait", crie poule numéro 1.
« C’était un obsédé", enchaîne poule numéro 2.
« Sexuel, je précise", clarifie poule numéro 3.
« Brutal à ses heures", glousse poule numéro 4.
« Un macho de première", soupire poule numéro 5
« Qu’il crève",
conclut poule numéro 6.
« C’est déjà fait », tranche la chèvre qui se
targue d’avoir, toujours le dernier mot.
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