Depuis que j'ai confessé, urbi et orbi, que j'étais insomniaque, je dors comme un bébé. C'est assez étonnant et je songe à mettre un mot au Quotidien du Médecin pour leur dire que confesser c'est guérir. Lorsque j'envisage l'étendue de cette découverte, ainsi que les économies qu'elle dégagerait, mon imagination explose. En plus, ce n'est pas désagréable de poser la tête sur l'oreiller et de se retrouver immédiatement au lendemain matin, de vivre une petite mort privée et de se réveiller fraîche et dispose. Mais, (toujours le "mais" qui semble être la clef de voûte de ma philosophie personnelle,) tout cela ne fait pas avancer mon roman car c'était pendant mes nuits blanches que je trouvais, en grande partie, les sursauts d'inspiration nécessaires à l'écriture. J'avais tort de me faire du soucis car, grâce à l'exotisme, j'ai retrouvé mon rythme de veille nocturne.
Il y a deux jours, mon mari est revenu du marché avec un melon des Caraïbes. J'étais plutôt épatée car nous habitons à un jet d'autoroute de Cavaillon, le pays du melon français. En plus, je savais que les haricots verts arrivaient d'Afrique, les raisins d'Amérique du Sud, et le reste d'Espagne, mais je n'avais pas vraiment la notion que nous faisions aussi nos courses aux Caraïbes. Mais il était délicieux, sûrement le meilleur melon que j'aie mangé depuis longtemps, tout en technicolor, et franchement bien de sa personne. En le mâchouillant j'étais consciente de la musique des vagues, de la puissance du soleil, de l'exubérence des fleurs, j'avais envie de punch, de langoustes grillées, j'y étais carrément. Puis Jack Sparrow est arrivé
et a commencé à attaquer ma tête avec ses
dents pourries, signe avant coureur d'une indigestion sérieuse. J'étais toute faible, toute abattue, mal à la tête, au ventre et aussi un peu n'importe où, au choix. Mais,(le voici de nouveau),
cette péripétie alimentaire m'a coupé le sommeil. Comme dans le bon vieux temps où je savais de quoi les nuits étaient faites, je vois passer les heures, je mesure les minutes vécues et celles à venir et j'arrive à trouver une ou deux petites idées qui permettront à mon héroïne de moins m'ennuyer.
La pression va être difficile à maintenir, car aujourd'hui je vais nettement mieux et le sommeil réparateur menace.
Nous ne retrouverons pas notre marchand de melons avant la semaine prochaine ce qui me donne encore quelques jours pour décider de l'ordre de mes priorités.
Les commentaires récents