MARY DOLLINGER

Les oies de la Drôme : suite et peut-être pas fin.

Previously dans la Drôme, comme dirait Jack Bauer dans ‘24 heures’. (Mais après une dernière saison tellement nulle, il n’a plus droit à la parole. Dans la prochaine saison je le verrais bien assassiné par une tièrce bien inspiré, et Chloé à sa place. Même enceinte elle ferait mieux.)
Donc : Previously dans la Drôme : Satisfaction et quiétude dans le foyer.

Et puis, de nouveau, le silence. On avait beau aller, venir, demander aux voisins de tripler leurs visites, toujours ce silence morne et pesant.
Alors, j’ai décidé de m’expliquer avec les nouveaux arrivants et de leur faire part des règles et devoirs de la vie dans la Drôme.
Le jar sortait de la mare, les plumes luisantes et l’œil vif. Le moment semblait opportun.
Je lui explique d’abord ce que nous attendons de lui et de ses deux compagnes, vantant, en passant, les avantages de ce lieu idyllique. Il me regarde, son œil plus rond que d’habitude, mais toujours en silence. J’aborde, alors le volet historique, mais avant d’avoir le temps d’évoquer la ville éternelle, il me coupe la parole. « Je vous en prie, » dit-il fermement d’une voix étrangement cultivée, (nous sommes encore au vouvoiement.) :  « Je suis une oie de Toulouse, alors lâchez-moi avec le Capitole. Et là-bas elles n’avaient pas besoin de prime de risque, alors qu’ici… » Il m’entraîne à l’écart, poussant deux barbaries, qui se rapprochaient d’un peu trop près à rafraîchir leurs idées dans l’eau. Il baisse la voix :« Vous avez un animal ici, que je qualifierais, sans hésitations, de  ‘psychopathe’." La chèvre se tient à distance, hilare. "Elle est d’une agressivité maladive, dès que nous levons la voix elle charge. »Il baisse la voix encore plus : «Et c’est douloureux." Il hésite :  "Mais il y a pire», sa voix n’est plus qu’un souffle, « elle plume. « Je ne suis pas sûre de comprendre, alors il se rapproche, son bec maintenant tout contre mon oreille : « Je ne peux plus me mettre dos au mistral ! » Pudiquement, il se retourne et à la place de la queue il ne lui reste plus qu’une sorte d’appendice dénudée.
La chèvre, comme toujours, n’a pas donné dans la demi mesure . ..

Les Oies de la Drôme

    Il y a un an, nous avions trois oies : deux jars et une oie. Pour ceux et celles qui ne sont pas familiers avec les us et coutumes de la basse-cour c’est comme s’il y avait deux sultans, une favorite et zéro eunuques pour faire la police. Un des deux jars était devenu excessivement agressif, (il avait des circonstances atténuantes,) mais la vie est parfois injuste et il s’est retrouvé farci aux pommes et à la sauge. Pour se venger de cette sortie peu glorieuse, il a laissé, en souvenir, une odeur extrêmement grasse qui a plané sur la maison pendant presque une semaine et je l’entendais dire très distinctement, la voix à peine étouffée par une feuille de sauge : « Bien fait ! »
Le couple légitime ainsi formé n’a pas eu le temps de vivre heureux et faire beaucoup d’enfants, car le renard, trouvant les canards et les poules bien monotones, est parti avec le jar laissant une veuve, pas vraiment éplorée, mais simplement étonnée de voir sa vie conjugale interrompue de la sorte.
   Et le silence fut.
   Car la raison pour laquelle nous avions tant d’oies en pension n’était ni pour leur chair, (très grasse) ni pour leurs œufs (furieusement indigestes) mais pour leur aptitude à jouer les chiens de garde. Telles les oies du Capitole, les nôtres faisaient un vacarme pas possible chaque fois qu’une feuille s’avisait à tomber ou qu’un brin d’herbe s’étirait. C’était imparable. Mais la veuve, très occupée à chercher les sultans égarés, restait totalement muette. Nous avions donc racheté un couple en nous disant qu’à trois nous allions retrouver nos fidèles gardiens de l’an passé.
   La factrice a déposé le courrier : hurlements. Le voisin est passé pour prendre des nouvelles de la bouteille de pastis : cacophonie alarmante. Le berger est rentré avec une remorque de fumier : braillements accompagnés de sifflements menaçants.
  Satisfaction et quiétude dans le foyer.

À suivre, car vous vous doutez bien, chez nous, rien vraiment rien, n’est simple.

« No Country for Old Men » or any one else.

Je suis une fan des frère Coen, avec une préférence pour « Fargo », Barton Fink » The Big Lebovski » and « O’Brother » c’est dire que j’attendais « NCFOM » avec impatience. Et je n’étais pas déçue, enfin, pas au début, ni au milieu, mais…
Ayant une grande tendresse pour les psychopathes en tout genre avec Javier Bordem j’étais comblée. Il tue avec application et netteté, sans forcément utiliser des cartouches, est d’une politesse exquise, ne lève jamais la voix, et a dû suivre des cours intensifs de secourisme. C’est un homme comblé qui exerce son art avec une satisfaction et une efficacité toute professionnelle. Quant à Tommy Lee Jones, qui le poursuit, sans vraiment le chercher, il a une tête pas possible, le résultat de conversations pseudo-philosophiques sur la violence de la société actuelle, qui manifestement le fatiguent énormément. Les paysages sont époustouflants, bien qu’encombrés de cadavres anonymes, et le train est rondement mené car le marginal qui tombe sur le gros paquet de dollars est expert en maniement d’armes et magouille en tout genre.
Alors pourquoi, ce film, au rythme plutôt soutenu, se termine-t-il si platement ? Le scénario est resté, paraît-il, très proche du livre de McCarthy, je peux donc peut-être m’abstenir de le lire ? Mais souvent ce qui passe sereinement sur la page écrite, coince furieusement sur grand écran.
Mais on ne sort pas bredouille. Ce film est une mine de conseils pour la vie de tous les jours. Tout d’abord pour la police : ne menotez jamais un suspect par devant car vous risquez gros et même plus. 
Si vous avez besoin de médicaments et vous avez oublié portefeuille et ordonnance, faites exploser une voiture garée devant la pharmacie de votre choix et servez-vous tranquillement pendant la panique qui s’ensuit.
Pour traverser facilement la frontière entre les États-Unis et le Mexique, faites le trajet à pied, habillé d’une chemise maculée de sang, une bouteille de bière à la main, comme cela vous êtes sûr de passer totalement inaperçu.
Pour rouler vraiment éco, laissez votre 4x4 au garage, prenez une remorque munie d’un cheval et lorsque le terrain devient ardu, garez la voiture, et en selle.
Et pour terminer, la chose la plus importante, munissez-vous, en toute circonstance, d’une pièce, double face, c’est à dire deux fois piles ou deux fois faces. Elle peut vous sauver plus que la mise.

L'édition revue et corrigée par les chèvres.

     Personne n’aime les refus, les auteurs encore moins que les autres. Mais il y a pire : une acceptation suivie d’un refus, (pour le même manuscrit.) Cette mésaventure a plongé votre écrivain raté préféré dans un désespoir désespéré .
    «Tu as l’air bien triste,» dit l’adorable Mélodie, et je l’étais réellement. «Va chercher ton histoire. Tu me la liras.» Alors assise, le dos appuyé contre la bergerie, ou ce que la chèvre a bien voulu nous laisser, la tête de Mélodie sur mes genoux et ses grands yeux de chèvre fixés sur moi, je m’exécutais. Elle est restée immobile pendant ma lecture. À la fin, elle a redressé la tête et réfléchi. Puis : «Ton héroïne, elle est vraiment … » je le savais, mais ne pouvais rien y changer. « Et le … » je préférais ne pas en parler. Alors qu’en pensait-elle ? Elle hésita un instant, puis avec un sourire radieux : «Elle est douce ton histoire, et elle me plaît.»
   Douce mon histoire ? Si tel était vraiment le cas c'est que l’éditeur avait bien raison et il était urgent de passer à autre chose.
   Et le temps s’écoule.
   Il y a trois semaines, la Maison d’Édition Jacques André, presque au complet (Noémie et Patrice vous nous avez manqué) est descendue en Drôme pour signatures et café littéraire. De quoi parlent éditeur et auteurs réunis ?  De livres certes, mais de manuscrits surtout, passés, présents et à venir. Et là,Jacques André m’a poussée dans une direction inattendue et un nouveau petit manuscrit, grand frère du refusé du printemps, est en train de naître.
     Un jour de soleil indécent pour un mois de février, je suis retournée voir mon comité de lecture caprin. Pendant la première moitié, Mélodie n’a pas bougé, la tête toujours sur mes genoux. Puis elle s’est écartée, ses grands yeux de chèvre roulant comme des billes en folie, et montrant des signes de détresse certains. «Tu ne peux pas,» cria-t-elle à la fin. «Tu ne peux pas, ce n’est pas humain, c’est cruel, c’est immoral.» J’ai essayé de la raisonner, de lui dire que ce n’était qu’une histoire, surtout pas quelque chose à prendre au sérieux. Mais c’est simplement lorsque j’ai entendu l’horrible chèvre lui glisser à l’oreille : «Je te l’ai toujours dit, notre écrivain raté est complètement à la masse,» que j’ai compris, que cette fois-ci, mon manuscrit avait, peut-être, des chances d’être accepté.

Egypte

L'amie qui m'a envoyé la magnifique photo du petit port de pèche écossais a récidivé, cette fois en Egypte. Lorsque l'on habite le nord de l'Ecosse diluer l'hiver en passant quelques semaines dans un climat plus clément est une obligation.
La complicité entre les deux femmes, les visages à peine perceptibles, et la porte qui s'ouvre sur...

Podcast par ephémerveille aux bords du lac Léman.

Comparer les vacances italiennes d’avant Noël aux vacances suisses que nous venons de passer serait comme si on plaçait  un algéco à côté de Versailles : l’un de guingois et plein de courant d’air, et l’autre royal dans toute sa splendeur. Montagnes enneigées reflétées dans la lumière du lac, chaleur des amis suisses, et, surtout, la rencontre avec ephemerveille-Lucas. Je suis son blog passionnant depuis très longtemps et l’auteur est à l’instar de ses écrits remarquables. Lorsque l’amitié « virtuelle » se transforme en amitié tout court, l’émotion, croyez-moi, est au rendez-vous.
Nous avons passé le samedi ensemble : pique-nique dans les vignes, plongée dans le musée de l’Art Brut à Lausanne, chocolat chaud à Ouchy,( car en sortant de ce musée exceptionnel il faut un sas de décompression tellement l’expérience est forte,) et pour terminer un dîner aux bords du lac. 
Mais le matin, tout avait commencé par un podcast. Si vous avez envie de retrouver votre Anglaise, qui s’obstine à écrire en français, cliquez sur ephemerveille et vous la verrez parlant à la vitesse d’une kalachnikov avalant ses propres munitions, avec la poitrine qui se soulève, à peine, (inhérent au stress), mais malheureusement pas tout à fait comme celle d’Eva Mendès dans « La Nuit (ne) nous appartient (pas Dieu merci. »)
No one is perfect.

Vacances.

Demain nous partons pour un voyage littéraire / artistique. Premier arrêt, vers Chambéry pour passer un moment avec Bernard Clavel, homme merveilleux pour lequel j'ai une immense admiration. Ensuite, direction Morges,  ou plutôt au-dessus de Morges où nous retrouverons des amis artistes. Notre amie plus particulièrement fait des sculptures fabriquées avec des clous. C'est extraordinaire, sensuel, il faut toucher, caresser. Des pièces uniques. Et finalement au delà de Lausanne pour rencontrer ephemerveille .
Rencontrer des amis virtuels est une expérience très particulière. Cela  ne m'est arrivé  qu'une seule fois jusqu'à présent, ( Charlotte tu te reconnaîtras), et c'était magique. Cette fois-ci cela le sera tout autant.
Je vous abandonne jusqu'à lundi. Mais je ne vous oublie pas.

P.S. Merci Gilgamesh pour cette note qui m'a tellement touchée.

Auprès de mon arbre...

Christmas is over. Tout est rangé, et il n’y a plus qu’à attendre l’année prochaine.
Je ne suis jamais pressée de remettre la maison en état. J’aime bien ce désordre festif qui traîne un peu partout. Mais la chose la plus dure : ranger la crèche. Les jumeaux divins se battent avec une énergie qui peut surprendre chez les nouveau-nés, la Vierge Marie, le regard fixé au loin, murmure : ‘ le Saint Esprit ne m’avait pas vraiment prévenue, » et Joseph regarde désespérément le ciel où une voix céleste lui dit très clairement : « Tu es là uniquement pour t’occuper de l’intendance. » Pas vraiment le bonheur, et encore, ils ignorent la suite.  Quant aux rois mages, celui qui a passé plus de trois semaines à genoux, se déplie péniblement  en grognant :« Putain, c’est dur ! », ce qui m’étonne à chaque fois, mais qui peut se comprendre, même chez un sage de l’Orient.
Reste l’arbre dans tout son désespoir dénudé. Spectacle d’une affreuse tristesse. Tous les ans, je propose l’achat  d’un arbre artificiel, et tous les ans je cède devant le tollé des uns et des autres. « Tu ne voudrais pas d’une chèvre empaillée ? » dit qui vous savez, et sans attendre la réponse, ce qui est prudent, »alors  pour les arbres, c’est pareil.»
Happy New Year.

SIGNATURE A CREST,SAOU ,VALENCE,collection "EN ATTENDANT LE BUS"

Les sept auteurs de la collection "En attendant le bus" surveillés de très prés par leur éditeur Jacques André
seront en Drôme pour deux jours de dédicaces:

Vendredi 18  de 15h-17h librairie "La Balençoire" à Crest
                     puis Café Littéraire à Saou, Brasserie Markus 20h-22h

  Samedi 19  10h-12h à Valence  Librairie " Notre Temps"

PS  Pour les lecteurs parisiens, je suis en rayon chez Privat-juliard ,Boulevard St Germain.

Stratford Upon Avon

 En arrivant en Angleterre vendredi soir, j’ai su que j’avais bien fait d’épouser un
Français : pluie, neige, vent, inondations, un accueil qui ne pouvait laisser indifférent.
Et le lendemain.