Cher Marc,
Vous ne vous offusquerez pas, j’en suis sûre, de cette familiarité, tout à fait habituelle dans le monde sélect de l’édition. (voir « Journal Désespéré d’un Écrivain Raté », page 53.) En plus, j’ai lu l’oméga et l’alpha, (dans cet ordre) de votre œuvre, ce qui me donne certains privilèges .
« L’oméga » a déjà eu droit à son billet. Je ne voudrais pas que « l’alpha » ressente une quelconque jalousie, alors ces lignes sont pour lui.
Tout d’abord, cher Marc, j’ai le plaisir de vous annoncer que pour l’idée maîtresse vous vous retrouvez avec une note de 10/10. J’aime cette situation d’un coma dépassé-dédoublé, ce fantastique éthéré m’est familier (voir « Et le bébé était cuit à point », pages 41, 61.) Je m’abstiendrai de commenter les invraisemblances médicales, mais la prochaine fois il faudrait réellement revoir vos sources, et ne pas envisager de faire subir un lavement baryté et une coloscopie au même patient.
En ce qui concerne l’exploitation de cette idée intéressante, je passe sous silence la note accordée, car la saison est censée être festive et les auteurs à succès sont bien connus pour leur grande susceptibilité. (voir « Au Secours Mrs Dalloway » pages 20,21,41,189,190.) Cette fin d’année s’annonce déjà assez lugubre sans besoin d’en rajouter.
Je note, curieusement, l’écart important entre vos tirages et les miens. Je vous demanderai, donc, de faire passer cette lettre à votre attaché de presse dont l’intervention, en ma faveur, ne pourrait qu’être bénéfique.
Sincerely yours
Mary.
P.S. Vous remarquerez la subtilité habile avec laquelle je fais discrètement ma propre publicité tout en faisant semblant de parler de votre livre à vous.
P.P.S. Je vous ai manqué en octobre à Hanoi où vous n’aviez pas bonne mine, en novembre à Montréal, et également en décembre à Moscou, d’où la nécessité de cette lettre.
P.P.P.S. Je suis désolée de constater un début de calvitie. Ceci explique, peut-être votre mine défaite ?
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