Pendant que j'écrivais "Au Secours Mrs Dalloway", et cela a duré tout de même un certain temps, j'ai fréquenté assidument Virginia Woolf. J'ai beaucoup aimé les vacances en Cornouailles, compatis à ses deuils, frémis devant le comportement de ses demi-frères, adoré son mari, vibré devant ses amours, admiré ses écrits et compris, tristement l'inévitabilité de son départ dramatique. Mais malgré cette intense intimité je n'ai pas suivi ses conseils. Cette féministe étonnante avait pourtant été très claire : "Une femme doit avoir des revenus propres et une pièce à elle, si elle souhaite pouvoir écrire." Durant cet été chargé j'ai compris l'absolue sagesse de ses propos.
Depuis longtemps je partage un bureau "conjugal" avec mon mari, mais cet été il fallait ajouter, comme pour toutes les vacances scolaires qui n'arrêtent pas de revenir, les petits enfants. Travailler à côté d'un mari qui est la discrétion même est une chose, mais essayer d'avancer alors que les petits enfants construisent des empires, vaporisent des ennemis de la Republic, où jouent au gymkhana, n'est vraiment plus possible.
Il restait au deuxième étage, pour mon bonheur, une toute petite chambre dont personne ne voulait. Vous aurez compris la suite. En plus, cette chambre a l'avantage d'être sans téléphone, et sans le net. Donc plus aucune excuse...
Virginia Woolf approuve, mais me fait remarquer assez sèchement, que je n'ai rempli que la moitié du contrat.
Je la trouve bien exigeante et m'en occuperai à une date encore non déterminée.
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