MARY DOLLINGER

OBAMA FOR EVER

Hier, je me suis couchée assez déprimée. Un raz-de-marée pour McCain, sans sortir de chez moi, n’augurait rien de bon pour mon petit monde en particulier, et le vrai monde en général. Savoir que seule la chèvre avait voté pour Obama était également une épreuve.
Mais ce matin le vent a chassé les nuages et je me suis souvenu que les ânes étaient de retour. Ils ont effectué leur transhumance à l’envers  il y a deux jours et je ne m’étais pas encore  habituée à leur présence.
Ils ont maigri. « C’était dur là-haut » a dit Olympe, pas très distinctement car il avait du pain plein la bouche. « Une sorte de camp de concentration pour ânes. » J’ai rajouté une carotte.  « Le fermier m’avait promis une ânesse, tu parles, » il avale et réclame, « en fait d’ânesse, c’était une vieille peau avec je ne sais pas combien d’heures au compteur, et, bien entendu, je vote Obama. » Sa mère opine de la tête : « Car nous n’avons pas le choix, nous sommes le symbole même du parti démocrate, » elle croque une carotte, «  mais j’avoue que sans cela, la petite Sara… » J’étouffe la suite avec  une demi-baguette et rajoute le reste des carottes. Le berger part chercher des pommes.

A voté : 4 chèvres
              3 moutons
              3 oies
              plusieurs poules
              idem pour les pigeons
              2 ânes.

Résultats  3 abstentions, plus pigeons et poules
                3 votes blancs
                3 pour John McCain
                3 pour Barack Obama

50% pour Obama. 50% pour McCain.
L’espoir renaît et le monde retient son souffle.

ELECTIONS AMÉRICAINES

Impossible de ne pas mettre un mot sur les élections Américaines. La France a déjà voté. Le monde a voté. Reste à savoir si les Américains vont valider ce vote planétaire.
John McCain n’a pas bonne mine, nous non plus. L’idée que seul un tout petit infarctus, ou  un AVC à minima séparent le pays d’une présidente dont la vacuité n’a d’égal que son autosuffisance me plonge dans un marécage de désespoir.
Pour avoir le cœur net j’ai fait un sondage dans la basse-cour.
La chèvre, la plus horrible, mais sûrement la plus intelligente a répondu : « C’est tellement évident, je ne te le dis même pas ! » Une voix pour Barack Obama.
Mélodie, la plus douce et la plus romantique : « Bill Clinton, il est tellement séduisant ! » Je lui ai expliqué que l’Amérique avait déjà eu ses huit ans, et que pour Bill c’était fini. « Je voterai nul alors. » Zéro voix.
Les jumeaux : « Nous votons pour David Palmer. » J’ai fait remarqué que c’était pas le bon noir, que David Palmer était un personnage de fiction. « Alors, nous allons voter pour Jack Bauer. » Zéro voix également.
Les trois  moutons ont expliqué qu’ils étaient contre le suffrage universel, cause, d’après eux, de tous les maux de l’humanité. J’ai essayé de leur faire la leçon tout en me demandant si je n’étais pas un tout petit peu d’accord. Zéro voix.
Les oies, terribles va-t-en guerre, votent McCain à l’unanimité. Trois voix pour la vacuité citée ci-dessus.
Les poules ne savent pas ce que c’est qu’une élection. «Ce n’est pas évident de gérer un produit fini par jour ». Zéro voix.
J’ai frappé à la porte des pigeons. Le doyen, (pas pour longtemps) un texan m’a dit, avec l’accent : « My sex life is a nightmare*, je n’ai pas le temps pour des  bricoles en ce moment. » Il faut expliquer que les texans sont une race très particulière, la femelle est noire et le male blanc, ce qui doit simplifier les rapports, alors je ne sais pas de quoi il se plaint. Mais zéro voix de nouveau.
Et le résulat est : «a landslide victory » pour John McCain par trois voix contre une. Ou si vous préferez, mais c’est encore pire, 33% pour Barack Obama et 66% pour John McCain.
God help America !

*cauchemar

Amazon encore et toujours.

Mon courrier sera bref car je viens de prendre mon billet pour Canossa où Henri IV m’attend en tenu de pénitent alors que le pape Amazon-Grégoire s’apprête  à me faire passer un sale moment. Car, incroyable mais vrai, les livres sont arrivés. Pas d’occasion comme Amazon m’avait laissé espérer mais flambant neufs, prêts à conquérir le monde.
Je suis sous le choc.
Depuis fin 2006 et la sortie de « Au Secours Mrs Dalloway », toute tentative de mes futurs (j’espère,) lecteurs de se procurer ne serait-ce qu’un exemplaire de ce roman incontournable, était vaine. Amazon promettait, reculait, tergiversait, pour, après une attente de six semaines environ, annoncer que le livre était « non disponible » ou « en rupture de stock ». Après ce laps de temps, le lecteur putatif ayant perdu tout intérêt pour mes écrits, achetait le dernier Marc Levy/Alexandre Jardin/Catherine Pancol/Amélie Nothomb (la liste n’est pas exhaustive) au choix.
Et ce matin : miracle.
Comme je ne crois absolument pas aux miracles, Je conclus:AMAZON ne livre que les auteurs

PS Je viens de vérifier, Amazon propose toujours des bébés d’occasion. Si quelqu'un a le courage de tenter l'expérience, n'oubliez pas de me tenir au courant !

Amazon

Je suis sous le choc. Le berger m’a apporté un whisky, pas vraiment petit, et je suis assise avec une vessie de glace, (que je ne mélangerai en aucun cas avec le whisky) sur la tête. VOIR ici
J’ai sous les yeux un mail d’Amazon où on me prévient de la livraison imminente de trois « Et le bébé était cuit à point ». On ne me précise pas si les livres sont neufs ou pas.
Sur le premier bon de commande il y en avait deux d’occasion, et justement j’en rêve. Avoir un livre d’occasion, quelque chose qui soit passé entre des mains avides de lecteurs enthousiastes pour se retrouver, épuisé, dans les rayons de ce géant de la vente en ligne. Sorte d’hospice pour livres en fin de vie, avec morphine et cocktail lytique à volonté. Laisser vagabonder son imagination, essayer de deviner qui a lu, qui a aimé ou détesté ou simplement qui n’a pas pu dépasser les dix premières pages… Un frisson littéraire hors du commun qui glace mon whisky et fait congeler la vessie.
Le numéro de tracabilité est toujours : 8G41949973468. Nous l’avons joué au loto sans résultat. Il ne nous reste plus qu’à attendre le gros lot.

"Et le bébé était cuit à point" : premiers pas dans le monde,CRITIQUES LITTÉRAIRES

Très occupée ces dernier jours par les animaux, (et un peu par le berger,) j'ai négligé les premier pas de ce bébé dont la cuisson m'avait donné tant de mal. Heureusement, d'autres amis ont eu la gentillesse de se pencher sur le berceau de cet enfant, pas toujours facile.

Je les remercie tous et toutes et vous laisse leurs liens.

Happy few                                   Wrath                              

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Les coups de coeur de Géraldine

Le berger et le chat du jour

Hier c’était un peu Noël.
Le berger est revenu au bercail, les animaux étaient en liesse, (moi aussi) et j’ai reçu un courrier de Joëlle Quélenn.

Joëlle est la magicienne des chats. Des petits, des grands, des pas très sages, des chats qui voyagent, des chats qui pantouflent, des chats câlins, des chats baroudeurs, des chats qui aiment Venise, des chats philosophes, des chats amoureux, et tout simplement, des chats qui ronronnent. Et ses célèbres « chats du jour ».
Alors depuis hier, j’ai mon propre chat du jour, mon chat littéraire, qui lit, avec un regard très coquin, et une arrière-pensée sans doute culinaire : «et le bébé était cuit à point »
Je vous laisse car avoir son propre chat du jour est une grosse responsabilité. En plus il a lu le livre. Le berger ne veut plus que je reste seule avec lui. (le chat)  Les bébés sont interdits de séjour. Mon quotidien est bouleversé.

Et le chat ronronne.

 

Transformation/Recyclage

Il ne faut jamais raconter des mensonges aux animaux car entre fausse transhumance et improbable fugue Mélodie était bien malheureuse. Écartant la chèvre d’un coup de pied bien placé, je l’ai prise à part et lui ai tout raconté, ou presque. Elle écouta, inclina sa tête, pour la poser, finalement, contre ma jambe.
« Alors, il n’a pas froid ? » Pas du tout. « Et il voit clair ? » Comme en plein jour . « Et son journal ? » Tous les matins. « Mais toutes ses jeunes femmes en blanc, elles sont jolies ?" Très. Elle n’aimait pas trop l’idée de cet entourage attentionné, mais je lui ai expliqué qu’en son absence il fallait bien que quelqu’un d’autre s’occupe de son berger adoré et qu’il valait mieux qu’elles soient plusieurs plutôt qu’une seule. « Tu as raison, je n’aurais pas aimé un tête-à-tête. » Elle réfléchit. « Lorsque tu dis ‘transformation/recyclage’, ce n’est pas dangereux ? » Pas du tout, enfin pas de trop. « Et il sera comme
avant ? » Bien mieux. « Et la semaine prochaine il revient ? » Promis.
« Dans combien de jours ? » Cinq. « Et cinq nuits aussi ? » Forcément. « Tu me brosseras pour que je sois belle ? » Bien sûr. « Et je voudrais un ruban blanc. » N’y compte pas trop.

PS Lors de ce ‘transformation/recyclage’ le berger a vu passer très distinctement deux robots de typepad. Alors nous pouvons nous mettre à espérer.

abandonnée

C'est dur d'être sans berger entourée d'animaux capricieux qui n'en font qu'à leur tête.
Je pense que dans ces conditions-là typepad aurait pu avoir la gentillesse de faire passer ma note...

LE BERGER ET LA TRANSHUMANCE

« Comment as-tu pu le laisser partir ? » dit Mélodie en étouffant un sanglot. « C’est si loin, si haut. Il n’y a pas d’électricité, pas d’eau courante, et pas de journaux ! » Je n’avais pas pensé à cet aspect de la transhumance, et c’est vrai que le berger qui aime beaucoup lire la presse va être sérieusement privé. « Et qui va s’occuper de nous ? »  Sanglots étouffés alors que je lui explique  que pendant quelques jours il faudrait se contenter d’une bergère. « Mais je n’en veux pas ! Tu ne sais pas faire ! Lui, d’abord … » Suit une longue chronique que je passe sous silence, sorte de roman du terroir, matinée de sentiments fortement sucrés et infiniment indigestes, et je prends note d’exiger du berger, à son retour, un peu plus de rigueur dans l’exercice de ses fonctions. Elle conclut, l’œil humide, soupir désespéré : « … puis après un dernier câlin il me dit : ‘Bonne Nuit, petite Mélodie, fais de beaux rêves.’ »
Écoeurée, à la limite de la crise de foie, pestant contre le berger qui me laisse un troupeau en bien mauvais état, je suis achevé par l’horrible Chèvre qui arrive en ricanant, roulant ses yeux globuleux tels des billes maléfiques et qui déclare d’un ton péremptoire : « Elle te raconte n’importe quoi ! La transhumance c’est fin juin. Si tu veux mon avis le berger s’est tout simplement taillé ! »

Saou chante Mozart

La Faculté a fait des merveilles. La couveuse est oubliée et le bébé est tout contre moi. Il s’appelle Wolfgang. Pas exactement un nom courant, mais cet enfant a une histoire.
Il y  environ 5 mois, on m’a demandé d’écrire une pièce pour le vingtième anniversaire, en 2009, du festival drômois :" Saou chante Mozart "» Ce festival est une merveille. Les concerts traversent la Drôme de part en part, de château en église, de cour en cathédrale pour le plus grand bonheur des amoureux de ce compositeur unique. Bien entendu j’ai accepté, mais tout de suite après s’est installée une panique monumentale car je n’ai jamais rien fait de semblable. Mes tiroirs pleins de textes non aboutis n’étaient d’aucun secours et je maudissais mon orgueil démesuré qui m’avait flanqué dans ce pétrin dramatique. Le doute, ami très cher, s’inscrivait partout en lettres majuscules, j’étais horrible à vivre, sorte de chèvre à deux pattes, (l’ultime insulte) et le berger vivait un calvaire.
Je me suis mise au travail parce que il n’y avait pas d’autre solution, et puis, merveille des merveilles, pendant une nuit d’insomnie, j’ai trouvé ce que je pensais être  introuvable, et l’histoire s’est déroulée sous mes yeux ébahis.
Hier j’ai dîné à Saou. L’enfant a désormais une quantité de parrains et de marraines tous plus gentils les uns que les autres, les premières répétitions commencent la semaine prochaine.
c’est une formidable aventure que de le voir grandir, petit à petit, avant qu’il ne s’émancipe totalement.
Je ne peux que plaider la cause de l’insomnie. Si les grands de ce monde gardaient les yeux bien ouverts dans l’obscurité de leurs chambres, au lieu de les fermer sur les problèmes gigantesques qui s’offrent à eux, l’humanité leur serait sûrement éternellement reconnaissante.