Noël has come and gone, comme disent élégamment les Anglais. Tout s’est passé normalement, rien de particulier si ce n’est le problème récurrent de l’enfant Jésus. Sa naissance prématurée a été avortée par petit-fils numéro 2 qui s’est empressé de l'enlever de la crèche et le mettre de côté «en attendant son anniversaire.» Je n’étais pas contre puisqu’il souhaitait en assumer la responsabilité, mais il l’a posé à côté des Rois Mages qui s’acheminaient doucement sur un radiateur à proximité.( Ils s’acheminent à l’aveugle car si j’ai un surcroît d’anges, je n’ai aucune étoile donc ils ont bien du mérite.) L’arrivée inopportune de l’enfant, par qui tout a commencé, leur a profondément déplu. Avec l’exquise politesse des grands seigneurs, Melchior ou peut-être Balthazar m’a fait remarquer qu’ils avaient rendez-vous le 6 janvier et non pas le 23 décembre. Qu’ils avaient déjà assez de mal sans étoile et qu’il n’était pas question, en plus, de s’occuper d’un nouveau-né. Les chameaux et les éléphants ont opiné sagement de la tête. Le troisième roi, celui qui fait tout le trajet à genoux et dont personne ne se souvient du nom n’a rien dit. On peut le comprendre.
Étant très occupée par un foie gras mi-cuit pas cuit, et une dinde fermière qui avait trop couru, je n’avais pas vraiment le temps pour des psychodrames bibliques à domicile. Je les ai laissés se débrouiller entre eux, mais pas avant d’avoir entendu une voix céleste dire très clairement : « Vous savez, je suis destiné à accomplir de grandes choses, alors un peu de respect s’il vous plaît. Et pendant que j’y suis, l’or et l’encens, je ne suis pas contre, mais la myrrhe ne m’inspire absolument pas. Pour l’embaumement, je ne suis pas pressé.»
La morale de l’histoire : l’enfant Jésus a rejoint la crèche ce matin ayant passé la nuit de Noël, selon une tradition familiale, en compagnie des rois mages. Melchior, sage et pragmatique, a puisé donc son coffret d’or pour engager une nourrice.
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