
Les petits monstres sont partis pour mieux revenir en force, et ont été temporairement remplacés par des adultes. Gros avantage : l'adulte mange tout seul, n’a pas besoin que l’on lui lise une histoires avant de s'endormir, ni que l'on ramasse les mailles de son tricot de souffrance.
Comme le jardin est plein de fleurs, on m’offre des livres.
Un ami m’a offert CHAQUE FEMME EST UN ROMAN d’Alexandre Jardin. J’ ai promis de lui dire ce que j’en pensais. (Que mes amis des blogs littéraires soient sans inquiètude, il s'agit d'un one night stand. )
À première vue, je trouvais le titre inquiétant. Comment ne pas se sentir concernée, car l’auteur précise bien « chaque femme » . Je crains d’être assimilée à la collection Arlequin alors que je me sens furieusement vamp de série noire, et conclus que si « chaque femme est un roman » entre les bras d’Alexandre Jardin, aucune, et surtout pas moi, ne contrôle son destin littéraire.
En prenant connaissance du 4e de couverture je suis méfiante. Généralement, sorte de bande-annonce qui se distance du texte, il s’agit ici d’un extrait du prologue. En plus, cet extrait est signé par l’auteur, qui semble avoir peur d’être déjà oublié alors que le livre n’est pas encore commencé. Manifestement il souhaite tout contrôler, et si je suis heureuse d’être un tremplin vers le fabuleux, être un écrivain muet aux rêves douteux me fait aborder la lecture proprement dite, avec un certain malaise.
Le prologue par lequel ce livre débute est une forme littéraire indigeste. Il s’intitulerait « préface », on pourrait le sauter carrément, celles-ci ayant été écrites une fois lecture faite et placées, malgré tout, au début du livre, ce qui est un non-sens. Mais la lecture du « prologue », sorte d’hors d’œuvre littéraire souvent pesante, est une obligation, et l’auteur en profite pour faire de la publicité pour ses deux précédents romans, dont celui-ci clôt la trilogie. D’ailleurs pendant les quelques centaines de pages qui suivent, il s’arrange pour ne pas les oublier non plus. Si le lecteur ne trouve pas son compte, l’éditeur, lui, se frotte les mains, en préparant des tirages supplémentaires.
En débutant notre lecture, après avoir assimilé titre, 4e de couverture et prologue nous plongeons dans un maelström de mots : des bons, des moins bons et des franchement mauvais. (Mes préférés, qui concernent nullement les femmes : "Mâcon, ville où l’ennui fait carrière,", et "Michel Bouquet, fatigué de génie".) Mais l’auteur a prévenu notre trouble en parsemant l'oeuvre de phrases en italiques, permettant une lecture, non pas en diagonale, mais simplement par passage horizontal d’un italique à l’autre. Ceci permet une prise de conscience de l’essentiel, qui n’est pas sans surprises, et une lecture reposante car le récit lui-même, ne l’est pas. Sorte de confetti de touches et retouches, il avance, recule, se retourne sur lui-même et nous laisse avec un vertige sexuel qui doit conduire certains directement dans les ordres. J’ai distinctement entendu une péripatéticienne de haut vol fermer le livre en soupirant : "No more sex."
Alors pourquoi ce livre, qui prétend parler des femmes, garde-il ses plus belles pages pour la fin où il traite, avec beaucoup de pudeur, la mort de son père et la façon subtile et élégante dont sa mère l’apprivoise.
Force est de conclure qu’Alexandre Jardin n’aime pas les femmes tant que cela. En revanche il adore ses parents.
Sa mère, particulièrement présente le long des pages, affectionne les autodafés. On pourrait lui suggérer, une ultime petite flambée.
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