HAPPY NEW YEAR !
Je n’ose même plus regarder la date de ma dernière note, mais je pense que cela fait presque six mois sans écrire un mot. Un peu submergée par le projet en cours, difficultés à me concentrer sur autre chose… Mais je reviens vers vous pour dire que je serai ce samedi 20 novembre à partir de 10 30 à la libraire « le bal des Ardents » 17, rue Neuve à Lyon.
Le Salon « Place aux Livres » initialement prévu les 5, 6 et 7 novembre ayant été annulé, à cause des manifestations, Jacques André a décidé de trouver une autre vitrine pour accueillir ses auteurs.
Pour ceux parmi vous qui hésiteraient à se déplacer pour les publications d’une maison d’édition à qui on n’a jamais décerné le prix Goncourt, je vous signale que cette intéressante librairie a un rayon érotique. Vous pourriez, donc, faire semblant de feuilleter les livres de Jacques André tout en achetant le roman dont vous rêvez mais que vous n’osez pas acquérir en temps ordinaire.
Quant à moi, je n’ai rien de nouveau à proposer cette année, mais serai là pour soutenir le roman de J.F.Braun Un éléphant dans la poussière : espionnage, morts violentes, et suspense garanti
Rédigé à 18:49 | Lien permanent | Commentaires (8)
« Tu lui as téléphoné ? » La chèvre roule des
yeux globuleux. Ce n’est pas joli à voir. « Tu ne dis rien ? »
Que dire ? « Tu t’es
encore dégonflée. » C’est vrai. J’avais pourtant promis à Lali… « Ce
n’est pas croyable d’être si lâche ! » Je ne peux qu’être d’accord et
suis triste de voir ce que je suis devenue, sorte de chamalo sans saveur, sans
avenir et surtout sans manuscrit.
« Tu vas prendre ton téléphone, » j’en suis physiquement
incapable, « alors lui envoyer un mail, » idem. « Comme
d’habitude tu ne fais face à rien, » elle a raison, « et je dois me
charger de tout! » De son
petit pied fourchu, elle appuie, délicatement, exactement là où il faut. L’étendue
des prouesses de cet animal ne cesse de m’étonner, mais, fuyant l’inévitable,
je passe la porte sur la pointe de pieds. Il est manifeste que cet homme, si
doux et compréhensif, m’a écrit pour ne pas avoir à me dire, de vive voix, tout
le mal qu’il aimerait ne pas penser de ces dix-huit mois de travail.
« Il essaie de te joindre depuis le 10, » s’exclame la chèvre. Je force le pas, loin, toujours plus loin. « Il paraît que tu es injoignable ! »
« Injoignable ? » dit le pied gauche, en se figeant sur place. « Fichtre ! « dit le pied droit, toujours d’une insupportable préciosité. Mes pieds rejoignent le bureau. Je les suis docilement, après tout « injoignable » signe incontestablement une certaine importance. Une vie bien remplie débordante de dédicaces (de quoi ?), interviews, salons, cafés littéraires… alors qu’en réalité, j’ai passé des heures en tête à tête avec mes petites plantes, les encourageant à braver pluie, froid et mistral.
La chèvre ne quitte pas l’écran : « Il en est à sa troisième lecture, » l’homme est un saint, « tu te prends toujours les pieds dans les verbes, » je m’en fous, « il trouve quelques anglicismes », normal, « et il changerait bien quelques têtes de chapitres », s’il arrive à tenir pendant trois lectures, il peut changer toutes les têtes de chapitre s’il en a vraiment envie. Et puis ? « Et puis, il trouve que l’ensemble tient, la structure aussi, » je la sens déçue, « mis à part quelques verbes… » s’empresse-t-elle d’ajouter.
Et je soupire. Soulagement, bonheur, satisfaction même. Je souris.
« Exquise sensation, » murmure le pied droit.
« Attends donc de recevoir le manuscrit, il n’a peut-être pas osé tout te dire, » conclut la chèvre.
Mais plongée dans ce petit nuage de félicité, je n’arrive même pas à lui en vouloir.
Rédigé à 16:33 | Lien permanent | Commentaires (16)
Lorsqu’un manuscrit part, seul, abandonné et fragile, livré
en pâture au monde féroce de l’édition, les journées ne sont que montagnes
d’angoisse. L’éditeur a beau me dire qu’il le lit « tranquillement »,
lorsque les semaines défilent, et que je ne vois rien venir, je le devine
écrasé de fatigue, tournant les pages d’une main lourde d’ennui, envahi par le
désespoir à la pensée de tout ce qui aurait dû être fait ou est à faire et les
horribles vérités qu’il sera obligé de m’asséner un jour ou l’autre.
À chaque sonnerie de téléphone, cœur à vitesse supersonique, bouche aussi sèche que le Kalahari, jambes alambiquées, je croasse, bafouille et c’est simplement, lorsque je réalise que la personne au bout du fil n’est pas concernée par la littérature, sous aucune forme, que je me laisse envahir par une douce quiétude qui me permet de m’ouvrir aux autres. C’est-à-dire à ceux qui veulent m’emprunter de l’argent, venir passer trois semaines au vert avec famille très nombreuse, m’inviter à dîner avec des gens que je déteste, ou tout simplement me raconter leur vie pendant trois quart d’heure.
« C’est quoi ce chèque ? » s’exclame le berger, et « ce dîner la semaine prochaine avec
les … ? et les épouvantables B… qui débarquent ? » Je plaide coupable à tous les chefs d’accusation et évoque le stress littéraire qui me déstabilise.
« Tu nous emmerdes avec tes états d’âme, » dit la chèvre, « passe lui un coup de fil, aie le courage d’affronter ton éditeur, tu nous casse la vie. » Et elle a raison.
Je ne lui téléphonerai pas. Trop lâche. Trop fragile. Je lui ai envoyé un mail hier soir, tard, même très tard. Tout éditeur qui se respecte doit suivre l’exemple de la France entière et faire le pont. Je suis donc tranquille jusqu’à lundi matin.
A suivre.
Rédigé à 17:27 | Lien permanent | Commentaires (13)
Toujours pas de possibilité de coms. Si vous souhaitez en laisser, il faudrait passer chez :ICI
Rédigé à 16:51 | Lien permanent | Commentaires (1)
Dans une deuxième vie que je sens imminente, pour des
raisons qui seraient trop fastidieuses d’expliquer ici, je serai Kate Atkinson.
Je ne peux imaginer avoir de lecteurs qui ne connaissent pas cet écrivain
britannique extraordinaire, mais si tel est le cas courez vite acheter,
emprunter ou même voler Souri Bleue, Les Choses s’arrangent, mais ça ne va
pas mieux, À quand les bonnes nouvelles ? pour
commencer.
Elle représente pour moi, le prototype de l’écrivain
parfait. Sa prose roule et danse, ses récits rebondissent avec élégance, ces
personnages nous parlent avec tant de sincérité et de force que c’est à vous
dégoûter d’écrire. Chaque fois que je termine un de ses romans, je fais le
ménage dans les miens et les poubelles débordent. C’est d’ailleurs une des
raisons pour laquelle il me semble urgent d’usurper son identité.
Un seul problème : elle est blonde avec une chevelure
exubérante, je suis châtain foncé plutôt service minimum. J’ai du mal à
m’imaginer en blonde, il me semble que je perdrais une partie de mon identité
profonde, mais puisque tel est le but de cette aventure, je suppose que c’est
tant mieux.
Harlan Coben, ( Voir notes du 16 et 17 janvier), a dit
qu’elle était un « must read ». Je regrette que cet auteur
américain, passionnant la plupart du temps, se prenne temporairement pour George
Orwell et donne dans le « news speak », mais c’est assez explicite. Kate Atkinson est donc un
« devoir de lecture ».
Normalement il faut, maintenant, procéder à un synopsis d’un
ou des romans sus-cités. Je n’en ferai rien. Il suffit de dire qu’elle parle
d’amour, de mort (parfois violente), d’amitié, de solitude, de pauvreté,
de secrets de famille, d’échecs, de trahison, de passion, de détresse, et, quand même, de bonheur. Le tout
avec légèreté et humour.
Il me tarde de devenir cette romancière blonde.
Pour elle, les choses seront plus dures.
J’ai prévenu la chèvre. Elle m’a promis de s’en occuper…
Rédigé à 16:42 | Lien permanent | Commentaires (2)
Après avoir été invisible pendant des mois, j'ai récupéré une certaine visibilité. Malheureusement elle s'accompagne d'un silence pesant, la direction de tyepad m'ayant informé que mon blog était "cassé". Soyez rassurés, c'est tout à fait indolore, mais aucun com ne passe.
Vous me manquez.
Rédigé à 18:51 | Lien permanent
Hier j’ai assisté à une conférence sur la jeunesse de
Napoléon, faite par un ami qui a la largesse d’esprit d’être un fervent
admirateur de votre empereur et également un anglophile chaleureux. Seule
Anglaise présente, je fais profil ras de terre par respect pour mon ami et m'interdis de poser des questions ou de faire sentir ma présence hostile. Car,
bien entendu, je déteste Napoléon. Je l’admire d’une certaine façon ainsi que
les Français qui ont bien voulu s’affubler d’un empereur héréditaire après
avoir décapité un roi qui ne l’était pas moins. Alors je reste, toute petite,
attentive et respectueuse. En somme, je joue contre ma nature profonde ce qui
est à la fois douloureux et héroïque.
L’assistance accompagne Napoléon jusqu’à sa vingt quatrième année dans un recueillement quasi religieux. Elle se réjouit de son passage valentinois en tant que sous-lieutenant, (il est bon de savoir qu’il a tout de même été « sous » quelque chose à une époque de sa carrière), puis applaudit en témoignage des grandes choses qui ne vont pas tarder à s’accomplir. On sollicite des questions, il n’y en a pas. Toujours muette, je me félicite de voir que la Française que je suis devenue a pris le pas sur l’Anglaise que j’étais. Il y a si longtemps.
Puis le maire prend à parole. Ravissante brune, aussi jolie que gracieuse, elle remercie chaleureusement le conférencier, et s’inquiète du manque de questions. Comment résister ? Au moment où les Français boudent les urnes, je me trouve face à une jeune femme que tout le monde aurait voulu élire. Moins grosse que Martine, beaucoup plus sexy que Ségolène, plus grande que Nicolas, plus chaleureuse que François, moins intellectuelle qu’Olivier et tellement plus belle que Daniel, elle souhaite des questions. Je ne supporte pas qu’elle soit déçue. Alors je me lance. Timidement. En essayant de gommer mon accent, et ne voulant surtout vexer personne, je réussis à mécontenter la totalité de l’assistance.
Qu’ai-je dit ? Vraiment pas grande chose. Simplement qu’il me semblait que les premières années de Buonaparte ne laissaient rien présager de Napoléon. Qu’il allait et venait entre la Corse et le Continent, demandait souvent des congés pour des raisons peu militaires tout en brimant son frère aîné, et adorant sa mère. En réalité ce n’était même pas une question, juste un tout petit constat. Quelque chose pour meubler le silence et faire plaisir au maire. Un acte de civisme désintéressé. Et comme beaucoup d’actes désintéressés, il a été mal compris. La rumeur enfle, le mécontentement gronde. Je regrette, bien entendu, mais il est trop tard, alors au lieu de me taire sagement, je rajoute une couche. Je ne vous dirai pas ce que j’ai dit, car je ne suis pas forcément fière de moi, et lorsque, au milieu du brouhaha, mon voisin s’est penché vers moi pour m’expliquer que le premier adjoint avait la jambe dans le plâtre après une rencontre avec une Anglaise sur une piste de ski, je décide de sécher le pot de l’amitié.
À chacun son Waterloo.
Rédigé à 18:41 | Lien permanent
Si vous suivez assidûment ce blog, vous saurez que notre voisin a un mât où flotte le drapeau tricolore pour le 14 juillet et les championnats de rugby. Il s’est proposé spontanément de mettre le drapeau en berne. De même que le curé sonne le tocsin et les voisins défilent. Car le coq est mort.
Hier le berger est allé chercher du grain pour les animaux. Il a oublié un seau rempli de maïs devant la barrière. Le coq, qui malgré une certaine obésité, arrive à voler approximativement, s’est installé à côté du seau pour améliorer son ordinaire. Et il est resté longtemps. Lorsque le berger l’a retrouvé, il était ivre de grain. Incapable de voler, et marchait en titubant, et ce matin, il est mort.
J’ai délaissé les travaux en cours, pour apporter une aide psychologique à ses poules. Elles étaient six réunies autour du cadavre. (Les poules blanches, que vous connaissez, ont vécu leur vie de poules. Elles sont parties, sans se presser : 4 heures au four accompagnées d’une bouteille de vin blanc et de petits légumes. Les nouvelles sont noires, tout à fait en phase avec ce qui venait de se passer.)
J’ai commencé par quelques paroles, bien choisies, sur la mort qui fauche, mais n’ai pas eu le temps d’aller plus loin car j’ai entendu, très distinctement, un rire étouffé. Puis un autre, puis un, pas étouffé du tout. Et, devant mes yeux ébahis, tout le gynécée de s’ésclaffer, se rouler par terre, et rire si fort que l’on n’entendait plus du tout le tocsin.
« Bien fait", crie poule numéro 1.
« C’était un obsédé", enchaîne poule numéro 2.
« Sexuel, je précise", clarifie poule numéro 3.
« Brutal à ses heures", glousse poule numéro 4.
« Un macho de première", soupire poule numéro 5
« Qu’il crève",
conclut poule numéro 6.
« C’est déjà fait », tranche la chèvre qui se targue d’avoir, toujours le dernier mot.
Rédigé à 18:44 | Lien permanent | Commentaires (3)
À l'heure où je vous écris mon manuscrit se trouve sur le bureau de l'éditeur. Il est parti avec un petit "clic" douloureux.
C'est la première fois que j'envoie un manuscrit en "pièce jointe". Parti comme une vulgaire facture, il a traversé le monde virtuel avec un grand courage, alors que l'auteur se sent amputé et orphelin.
L'éditeur m'a répondu qu'il allait le lire "tranquillement" et me contacter à mon retour d'Angleterre la semaine prochaine. C'est vrai que je possède l'éditeur le plus gentil, le plus patient, le plus compréhensif qui existe dans ce monde impitoyable de l'édition. Mais mis à part quelques paragraphes, il ignore tout de ma façon de traiter ce projet, et je m'attends à une crucifixion en règle. D'ailleurs pour devancer le supplice attendu, je lui ai parlé d' "ébauche" plutôt que de manuscrit.
Vous aurez compris que je suis au trois-quarts immergée dans un océan d'angoisse. Reste à savoir si l'éditeur va me tendre une main secourable, ou appuyer doucement sur ma tête pour me faire disparaître dans une sorte de Titanic littéraire.
Demain soir je serai à Stratford-upon-Avon. J'ai demandé à Shakespeare de me préparer "a stiff gin and tonic."
Rédigé à 20:07 | Lien permanent | Commentaires (0)
Cher Monsieur Belfond,
Vous n'existez sans doute pas, et c'est tant mieux, car vous n'allez pas aimer la suite.
Je ne suis qu'un modeste auteur provincial, dont l'orthographe laisse à désirer, (voir note précédente,) mais vous, vous êtes une structure avec pignon sur rue, et vous n'avez absolument pas le droit d'écrire "étrécis" à la place de rétrécis", (page 254 de "Dans les bois" de Harlan Coben.) Tout le monde a le droit à l'erreur, mais à la page 292, il serait décent d'écrire "vou" avec un "s" et Il me semble que "etait" sonnerait mieux avec un "é", mais je suppose que c'est une question de goût. En revanche, à la page 362, "l'odeur qui lui est montee au visage", laisse vraiment à désirer.
Mais si moi, Anglaise à l'orthographe fantaisiste, ai trouvé ces petites choses qui fâchent, combien d'autres coquilles dorment encore "dans les bois" ?
Et je n'ai pas fini.
Lorsque l'on a la chance de publier Harlan Coben, on s'offre un traducteur qui n'a pas mangé de tapioca à tous les repas.
Sincerely yours
Un écrivain désespéré.
P.S. Il vaut mieux lire un Harlan coben mal traduit, qu'un "vous savez qui" (lire note précédente,) en français dans le texte.
Rédigé à 13:02 | Lien permanent | Commentaires (10)
Cher Harlan Coben,
Il n’est jamais facile de s’excuser, mais parfois il faut savoir s’autoflageller. Je le fais humblement et avec délectation, tellement j’ai honte. Je n’ai jamais été très forte en orthographe, mais ce n’est sûrement pas parce que vous êtes publié chez Belfond noir, que j’avais le droit de vous prénommer « Harlem ». J’ai rectifié le commentaire (Géraldine, tu as dû être horrifiée,) et espère que vous serez indulgent vis à vis d’une lectrice que vous avez totalement conquise.
Sincerely yours
Mary.
P.S. Comme si une bévue ne suffisait pas, j’ai également abîmé votre nom de famille. Comme pénitence, je m’impose la lecture de deux Marc Levy.
Au choix.
Je vais souffrir.
Rédigé à 13:53 | Lien permanent | Commentaires (0)
Nous sommes totalement enneigés et sans téléphone. Tout est magnifique et immaculé. J’ai chaussé mes bottes pour aller saluer les animaux. La chèvre m’attendait avec un petit sourire tordu. « Ça fait longtemps. » Elle a raison, très longtemps même. « Tu travailles à ton opus magnus ? » Je n’aime pas bien la façon dont elle a dit « opus magnus », mais pour une fois que mes proches s’intéressent à ce que je fais, je ne peux m’empêcher d’être touchée. Je lui explique, alors, que j’entrevois la fin. Un mois ou deux maximum. Là, elle éclate de rire, s’esclaffe, tape les cornes contre la bergerie et montre tous les signes d’une hilarité extrême. Un mouton noir qui passait s’est même inquiété : « Elle doit être malade, elle ne rit jamais, ou plutôt pas souvent et quand cela lui arrive ce n’est jamais bon signe ! Moi je fais comme Johnny Hallyday, je me casse, » et il est parti se frayant un chemin à travers la neige fraîche. Je suis toujours étonnée de voir que les animaux sont au courant de tout, du moins des choses importantes de la vie, mais pour l’instant je suis préoccupée avec la chèvre qui, maintenant, se roule dans la neige. Je m’inquiète prudemment de son état. Elle se lève, se secoue et me regarde : « Tu as dit « la fin ? » J’acquièsce. « Mais c’est à peine le début ! L’éditeur va s’emparer de ton texte, il va le disséquer, le déchiqueter, le mettre en mille morceaux. Il va te demander de revoir, reconstruire, réécrire, remanier, voir même, » et l’horrible chose a marqué un temps d’arrêt pour bien appuyer là ou ça fait mal, « voire même, tout recommencer. »
Je tourne le talon dignement, pas facile dans 60 centimètres de poudreuse et regagne la maison. J’allais lui dire que le « Visiteur de Saoû » allait être joué en mai. Que j’étais vraiment très heureuse. Que j’avais rendez-vous la semaine prochaine avec le metteur en scène et puis finalement je ne dirai rien à personne.
Je me sens incomprise.
Une certitude, la neige est là pour durer et les choses vont devenir difficiles. Alors si jamais nous nous trouvons à court de nourriture, nous mangerons la chèvre.
Rédigé à 18:57 | Lien permanent | Commentaires (9)
http://www.dailymotion.com/video/x5zld2_diner-pour-un-humour-anglais <http://www.dailymotion.com/video/x5zld2_diner-pour-un-humour-anglais
Rédigé à 12:13 dans Actualité | Lien permanent | Commentaires (17) | TrackBack (0)
La chèvre me charge de vous transmettre ses voeux et ses remarques acidulées concernant les nouveaux habitants de l'île. Elle fait remarquer que les dindes sont faites pour être mangées et ne doivent pas être assimilées à des oiseaux de compagnie. Elle désapprouve le fait que celle qui est actuellement en résidence nage, estimant que c'est totalement contre nature. Cette dinde n'est donc pas normale est doit être farcie à la première occasion. Elle compte, ainsi, fêter le nouvel an.
Rédigé à 19:41 | Lien permanent | Commentaires (16) | TrackBack (0)
Voici l'ile et ses habitants. Vous remarquerez les deux maisons : à droite celle des canards, à gauche celle des oies et... une dinde. C'était une sorte de cadeau de Noël du fermier. "Vous pouvez la manger en juin," dit-il, un brin cynique. Je lui ai demandé de baisser la voix, mais la dinde a frémi. D'ailleurs ses premiers jours ont été assez durs. Le berger l'a éffrayée avec sa perceuse et elle s'est jeté à l'eau et a gagné le continent en créant un immense tsunami bilateral. Normalement les dindes ne nagent pas, mais, ici, l'évolution est déjà en marche.
Rédigé à 15:32 | Lien permanent | Commentaires (2) | TrackBack (0)
Et dire que je vais abandonner tout cela pour passer trois jours à Lyon. La photo de mon bureau est affichée pour justifier de mon absence depuis un certain temps et pour prouver que je travaille réellement. J'ai un peu rangé avant de prendre la photo mais force est de constater que je travaille dans un certain désordre. Une de mes amies ayant affirmé que : "le désordre est créatif," je ne me fais pas trop de soucis. Mais tout de même un peu. Plus j'avance dans le projet, plus il s'étend, s'étoffe et prend ses aises. Ma spécialité a toujours été de faire beaucoup avec peu. Cette fois c'est exactement l'inverse. Je ne suis pas sûre que cela me convienne.
Je précise que la moquette anglaise, qui a plus de 70 ans, vient de la maison de mes parents. Elle a une valeur sentimentale qui contrebalance le côté formidablement kitsch !
(Pendant ce rendez-vous lyonnais, j'aurai une tendre pensée pour Maijo qui ne risquera pas de venir me faire un petit coucou la Chine n'étant pas vraiment à côté.)
Rédigé à 16:07 | Lien permanent | Commentaires (21) | TrackBack (0)
Je suis tombée amoureuse de la prose de Sarah Waters après
avoir lu Fingersmith (Du
bout des doigts) magnifique roman gothique
situé dans un dix-neuvième siècle digne d’un Dickens sous LSD avec un
« twist » renversant. J’ai lu ensuite Affinité où les quelques longueurs sont vite oubliées
grâce à un formidable
rebondissement tout à fait à la fin du roman. Quant à Night
Watch au rythme plus lent que les
deux précédents, ce roman « à l’envers » démontre une telle prouesse
littéraire, que quiconque a essayé, un jour, de tenir une plume ne peut qu’être
béat d’admiration.
C’est dire le bonheur avec lequel je me suis procuré The little Stranger , une histoire de fantômes dans une Angleterre encore
mal remise de la deuxième guerre mondiale.
L’action se situe dans le Warwickshire, ma région natale,
dans une société où les barrières de classe sont bien présentes et nous offre
en (anti) héro un médecin de campagne à peu près aussi charismatique qu’un ver
de terre un jour sans pluie. L’autre personnage principal, (car ici il n’y a
vraiment ni héro, ni héroïne) une jeune femme plutôt laide et névrotique, mais
formidablement bien née, ce qui n’est pas le cas du médecin dont la mère était
femme de chambre dans la grande propriété où vit Caroline. La grande originalité
de ce scénario est qu’il s’agit d’un ménage à trois peu ordinaire : le
médecin, la fille de famille et la propriété, Hundreds House. La grande
question : le médecin est-il amoureux de la fille, ou de la propriété qui,
pour lui, reste la personnification de l’ascension sociale.
Et il y a, bien entendu, le fantôme.
Comme toute Anglaise qui se respecte, ma jeunesse était
nourrie de fantômes et de phénomènes qui dépassaient raison et logique.
« Les fantômes, » disaient mes parents avec toute l’autorité que l’expérience
et l’âge impose, « sont des êtres malheureux. Ils rodent dans un
demi-monde sans repos ni réconfort. Il ne faut pas en avoir peur et tu dois
témoigner à leur égard beaucoup de considération. » « You must humour
them, » disait mon père, c’est-à- dire surtout ne pas les contrarier.
Je viens de mettre un mot à mes parents qui se trouvent
actuellement dans ce demi-monde peuplé d’âmes en errance pour leur dire qu’ils
m’ont mal renseignée et que les fantômes méchants existent. Sarah Waters l’a
écrit.
Mais il faut revenir au livre. J’ai retrouvé avec beaucoup
de plaisir la prose lisse et élégante de l’écrivain. Je me suis laissé guider
en toute confiance à travers les pages tout en sachant, que l’auteur me menait
en bateau et que j’allais bientôt exécuter un tournant à 180 °, en
poussant des exclamations admiratives.
J’y ai cru
jusqu’à la page 499, c’est-à-dire la toute dernière page. Comme sœur Anne, ne
n’ai absolument rien vu venir. Je suis effondrée.
Faut-il lire ce livre ? Certainement. Le récit coule,
le fantôme est méchant, mais ne vous fera pas peur, les personnages sont
secondaires, mais la propriété, Hundreds House, est traitée comme une reine,
chaque détail de sa déchéance amoureusement, douloureusement, conté.
Je viens de recevoir une réponse de mes parents qui souhaitent
lire le livre pour se faire une opinion. Je ne manquerai pas de vous tenir au
courant.
Rédigé à 19:26 dans littérature française et anglosaxonne | Lien permanent | Commentaires (11) | TrackBack (0)
Une lectrice
courageuse, ou plutôt téméraire, m’a écrit pour me dire qu’elle avait
passé une commande chez Amazon. Elle m’a écrit de nouveau pour me dire que les
livres étaient arrivés. La surprise était double. D’abord qu’Amazon ait bien
voulu livrer quelque chose de commandé, et ensuite, parce qu’un des livres
était dédicacé. Elle était ravie de cette dédicace qui me laissait totalement
perplexe. Je n’ai pas d’entente « dédicace » avec cette maison que je
déconseille formellement à tout le monde et je ne voyais pas très bien d’où
pouvait venir ce : « cordialement, Mary. » Après échange de
courrier tout devint clair : il s’agissait d’un livre d’occasion. Sur le
coup, je fus frappé de stupeur. Les livres de la collection « En attendant
le bus », sont si peu chers neufs ,
je n’ose même pas imaginer le prix d’occasion. Probablement Amazon le
lui a tout simplement offert. Le premier étonnement passé, j’avais du mal à
cerner ma réaction vis à vis de mon nouveau statut d’écrivain d’occasion.Je
suppose qu’il s’agit, en quelque sorte, d’un recyclage, alors je ne peux
qu’être d’accord. Après tout, la personne qui s’en est dessaisie aurait pu le
laisser moisir sur un rayon sans que l’on ne tourne plus jamais ses pages, s’en
servir pour caler une table, allumer le feu avec, ou le donner à ses enfants
pour qu’ils crayonnent pardessus nos classiques, (il s’agissait du
« Journal Désespéré d’un Écrivain Raté »). Alors après réflexion, je
suis absolument pour. Je remercie le lecteur / lectrice qui a bien voulu que ce
livre vive une deuxième vie, mais je mets un mot à Marc Levy pour avoir son avis et être sûre que ma
réaction soit digne d’un vrai écrivain.
Rédigé à 17:31 dans Moi | Lien permanent | Commentaires (16) | TrackBack (0)
(Je vous offre des raisins car une photo de notre unique cane serait trop triste.
L’été fut meurtrier et nous sommes en deuil.
« Le deuil vous va si bien, » murmure le petit
bélier lorsque, toute de noire vêtue, je me penche pour lui donner son morceau
de pain quotidien. Je pousse un soupir et tends l’oreille. Le coq discute sotto
voce, les poules sont muettes, les moutons et les chèvres aussi, quant aux
oies, il n’y en a plus, et si vous cherchez les canards, vous n’en trouverez
plus qu’un : Victor Hugo. Pour ceux qui prennent ces notes en route, il
faut savoir que Victor Hugo est
une cane qui s’est déjà trouvée dans cette même situation. « S’il n’en
reste plus qu’un, je serai celui-là » dixit qui vous savez, d’où le surnom
qui lui colle à la peau. La question qui vous brûle les lèvres a une réponse
simple : Victor Hugo vole contrairement à ses compagnons malheureux. Vous aurez tout compris : le
renard est de retour, ou plus exactement n’est jamais parti. Rajoutée à cette
série de meurtres dans un jardin presque Anglais, la poule préférée de tous,
apprivoisée et affectueuse, s’est noyée voulant prouver aux canards, ( il
en restait deux au moment de son décès tragique), qu’elle aussi savait nager.
« Je lui avais bien dit, » remarqua Victor Hugo avec une certaine
satisfaction en la regardant sombrer. Lorsque je lui ai reproché de n’avoir
rien tenté pour la sauver, elle a
répondu d’une façon lapidaire : « À chacun son destin. »
C’est affreusement triste une mare à canard avec une seule
cane. Deux mares à canards pour une seule est encore pire.
Nous avons décidé d’employer les grands moyens et avons fait
appel à notre ami le bulldozer. Le berger a imaginé une sorte d’île entourée
d’eau où nous installerons les futurs palmipèdes. S’ils sont intelligents, ils
y resteront et le renard moura de faim. S’ils sont idiots nous en serons pour
nos frais.
La chèvre, qui a un esprit pratique, a ricané en nous
recommandant d’acheter les races les moins chères. Et qui volent.
Quant à Victor Hugo, elle regarde constamment derrière ses
ailes et passe ses nuits sur le toit de la bergerie.
À suivre
Rédigé à 18:34 dans Moi | Lien permanent | Commentaires (2) | TrackBack (0)
Hier, la plus belle soirée de l’été se passait dans la forêt de Saoû, avec Mozart. C’est la première fois que nous assistons à ce concert très particulier car à cette époque la maison est très habitée. Mais le « visiteur » a beaucoup insisté pour que j’accepte l’invitation d’Henry Fuoc, alors nous avons embarqué numéro 1 et 2 et mis 3, 4 et 5 sous scellé.
Le cadre était enchanteur, (les photos ne vous donneront qu’une petite idée de la magie du lieu,) et l’Académie baroque européenne d’Ambronay, magnifiquement encadrée par Martin Gester, a su capturer toute la légèreté mozartienne. Les chanteurs, jeunes, beaux et talentueux, (français, portugais et argentins,) ont réussi le pari difficile de chanter en plein air devant un public averti de 750 personnes. Les habitués du festival, forcément « sans cravates », mais pas moins exigeants pour autant, ne pouvaient que leur accorder une « standing ovation. »
« Et moi », a dit « le Visiteur de Saoû » manifestement dépité. Je lui ai expliqué que pour lui il ne s’agissait pas de rester debout et d’applaudir, mais de voyager par monts et par vaux afin d’être lu, en attendant d’être joué, par le plus de monde possible. Et c’est ainsi que les choses se sont déroulées.
Je n’ai jamais signé pendant un concert. Jamais signé pendant un entracte. Mais il n’y a que des avantages. Cela ne dure pas longtemps, (stress réduit au minimum), c’est terriblement concentré, et cela marche. Cela marche grâce à Henry Fuoc qui non seulement organise des festivals de rêve, mais fait aussi des annonces extrêmement persuasives, alors les gens se sentent obligés de venir me voir. Ravie de cette expérience, j’ai décidé de m’organiser autrement. Je laisse tomber tous les projets en cours et travaille sur « Le Visiteur de Saoû » , saison deux.
Henry Fuoc ne le sait pas encore, mais je suis sûre qu’il sera partant.
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Rédigé à 10:31 dans Moi | Lien permanent | Commentaires (5) | TrackBack (0)
"Voici vingt ans que Mozart se promène dans la Drôme. De théâtre en église, de château en cathédrale, sous les étoiles, entre les murs, le passage des années n’a en rien émoussé la magie de ce festival unique et le public, bariolé et décontracté, se presse toujours aussi fidèle. Mais comment une telle manifestation a-t-elle pu naître à Saoû, petit village de la campagne drômoise ? Comment sa forêt et ses rochers sont-ils devenus le berceau de l’unique festival consacré à Mozart en France ? Pour trouver la réponse, il faut aller à la rencontre d’un homme, Henry Fuoc, dont la famille est installée à Saoû depuis plus de deux siècles. « Figure charismatique, moustache joviale », cet ancien rédacteur en chef à L’Express puis à RMC a su faire partager sa passion pour Mozart en la rendant accessible à un public qui n’aurait peut-être pas osé pousser les portes d’un festival à l’assistance plus guindée.
Tout a débuté en 1989 à Saoû par quatre concerts avec 1250 participants. Deux ans plus tard le nombre de concerts est multiplié par trois et le nombre de mélomanes par cinq. Désormais le festival s’étire, s’installe et part à la conquête de la Drôme. Les interprètes arrivent de Prague, Berlin, Genève, Varsovie, Venise, pour se joindre à ceux de l’Hexagone. Le public suit. Les concerts se jouent à guichets fermés. Et Henry Fuoc, assisté de sa femme Anne, veille.
Veille à ce que ce festival « sans cravates » garde son âme de bohème. Que le dîner sous les platanes place des Cagnards soit toujours une jolie pagaille, public et interprètes, mécènes et badauds se partageant un repas confectionné à deux pas par les cuisiniers de « L’oiseau sur la branche ».
Et veille surtout à ce que personne n’oublie que c’est ici, dans ce coin perdu de la Drôme, il y a maintenant vingt ans, que tout a commencé."
Introduction du « Visiteur de Saoû
(Quelques photos où vous voyez l’Octuor de Prague avec les Fuocs Place des Cagnards, l’aubade qui a clos la soirée, et une signature réussie mais assez sportive car signer debout n’est pas forcément aisé !)
Rédigé à 15:35 dans Théatre | Lien permanent | Commentaires (0) | TrackBack (0)
Demain je pars à Saoû écouter le Octuor à vents de Prague avec Vladimira Klanska et je ne serai pas seule. « Le Visiteur de Saoû » fera son entrée dans le monde et il en est excessivement fier. Je suis heureuse de l’accompagner, heureuse de voir qu’il commence à exister, bien que les signatures me fassent toujours un peu peur, (contrairement aux Salons de livres que j’adore.)
Je vais donc signer à Saoû là où tout avait commencé au mois de mai l’année dernière, avec un « visiteur » tout gonflé de sa propre importance. Car maintenant c’est sûr, la pièce sera jouée, pas pour le festival, mais dans de très bonnes conditions et par des professionnels. Cette histoire, faite de hauts et de bas, aura un « happy end » comme je les aime.
« Je t’avais bien dit que j’étais incontournable, » déclare le petit homme avec la suffisance propre aux génies. Puis, d’une voix mi-Jouvet, mi Gérard-Philippe : « ‘D’où je viens il y a ni pluie, ni neige, ni grêle, ni vent ! Il ne fait ni chaud ni froid et les saisons se confondent dans une seule et éternelle béatitude…’ Laissez une réplique comme cela dans un tiroir ! » Il se place devant une glace, se positionne de profil : « ‘Il me semble que c’est le profil droit habituellement, ou peut-être le gauche ?... ’ » La voix résonne, se heurte aux murs, fait éclater les vitres, affole les pigeons, crève le tympan de la chèvre, pour se perdre, enfin, le long de la rivière.
Je suis heureuse que cette pièce ne soit plus muette.
Je redoute les mois à venir.
J’ai acheté, et distribué à famille et animaux, des boules Quiès.
Rédigé à 18:04 dans Culture | Lien permanent | Commentaires (10) | TrackBack (0)
« Le visteur de Saoû » me fait face et son regard est dur. « Pourquoi ne me traites-tu pas comme les autres ? » Je ne comprends pas bien la question, étant d’une équité parfaite avec mes ayants droits. « Mais si, tu vois bien. » Je ne vois rien du tout « Normalement, lorsqu’un de tes livres est publié, enfin si on peut les appeler des livres car ils sont de plus en plus petits. » Difficile de le contredire. « Tu avais dit que ton CV tenait sur un timbre poste, bientôt cela sera le cas de tes livres. » De la méchanceté gratuite. « Il faut presque une loupe pour les lire maintenant, » continue-t-il, impitoyable. « Tu devrais songer à y incorporer une puce qui émettrait en cas de perte tellement ta prose devient invisible ! » Le timbre de sa voix me fascine. Mi alto, mi contre basse, pas tout à fait accordé, et avec une pincée de malice pas vraiment sympathique. Il tend son archet qu’il pointe sur mon plexus solaire : « En plus, tu ne m’écoutes pas. » Je l’assure du contraire. « Lorsque tes autres livres étaient publiés, tu étais inquiète, tendue, guettant le moindre article, scrutant les billets, maintenant tu souris tout le temps, tu siffles comme un charretier et tu as même l’air heureux ! » Il n’a pas tort. « Et arrête de sourire, cela devient indécent ! » Je pense à des choses tristes : le renard qui gobe le dernier canard, le mildew qui pourrit les tomates, les escargots qui croquent mes fleurs… mais rien n’y fait, ce sourire a bien décidé de ne pas céder la place. « Alors ? » L’archet se faisant plus pressant, je lui explique qu’il est, en effet, différent. « Comment différent ? » Et bien lui n’est pas fait pour être lu, mais pour être joué. Il réfléchit, tourne l’archet dans tous les sens. « Eh bien, si je ne suis pas fait pour être lu, pourquoi c’est écrit ? » Il continue dans la même veine, mais je ne l’écoute plus.
Je ne peux pas lui dire que cet état de félicité qui ne me quitte guère est dû au fait que malgré sa naissance compliquée, malgré tous les obstacles qui semblaient freiner sa progression, « le Visiteur de Saoû » sera peut-être joué.
J’attendrai confirmation absolue, et à ce moment-là seulement, je lui expliquerai pourquoi je souris, et tout me sera pardonné.
Rédigé à 17:36 dans littérature française et anglosaxonne | Lien permanent | Commentaires (8) | TrackBack (0)
Victor Hugo est en train de couver. Soyez sans crainte, il ne s’agit pas du grand poète ressuscité, mais de la canne barbarie. Si vous vous souvenez, elle a été baptisée « Victor Hugo » l’année dernière étant la seule rescapée de sa couvée. (« Et si il n’ en reste qu’un, je serai celui-là. ») Depuis elle résiste à tous les pogroms. Et maintenant elle couve. Merveilleux, pensez-vous, le renard a fait des ravages, Victor Hugo va réparer tout cela. Voilà ce qui se serait passé dans le meilleur des mondes, mais vous savez tous que, dans la nature, le meilleur des mondes n’existe pas.
Il y a un mois environ, le renard a dégusté les derniers canards dans une nuit d’atroce boucherie et depuis, les cannes sont installées dans un harem sans Sultan.
Le berger qui était autrefois médecin a essayé de lui expliquer, avec le plus de ménagement possible, qu’elle était assise sur un paquet d’œufs stériles. Au début elle a refusé de répondre, puis devant son insistance elle a levé sa belle tête noire et blanche et d’une petite voix fluette a déclaré : « Et l’immaculée conception, tu n’en as jamais entendu parler peut-être ? » Le berger est resté sans voix. « Il ne reste plus que trois cannes, et les deux autres sont vouées au sacrifice dans un avenir proche. » Elle baisse la voix : « Tu n’as jamais remarqué que je ne suis pas comme les autres ? « Pas vraiment. « Mais si, moi, je sais voler, c’est pour cela que je résiste à tout… » Réflexion faite, on la retrouve souvent sur le toit de la bergerie, contemplant avec un léger mépris, les autres palmipèdes qui ne font que marcher à défaut de nager. « Si je suis différente, c’est qu’il y a une raison...» Le berger réfléchit, mais ne trouve pas. « Mais si, je suis choisie entre toutes les cannes… » Silence compréhensible de la part du berger. « … entre toutes les cannes pour mettre au monde un, ou plus probablement plusieurs, sauveurs aux pieds palmés. » Stupéfaction teintée d’hilarité. « Et il a été dit que… »
Le berger n’a pas attendu la suite.
Rédigé à 18:28 dans animaux | Lien permanent | Commentaires (6) | TrackBack (0)
La discussion n’est pas facile. J’ai beau lui dire, lui expliquer, elle campe fermement sur ses positions. Mais un blog est quelque chose de très personnel, pas une partition à quatre mains ou même plus, car je ne suis pas du tout sûre avec laquelle de ses quatre pattes elle écrit. De guerre lasse, je sors mon joker et là elle me regarde avec des yeux qui lance des exocets : « Tu me reproches une faute d’orthographe ? Tu la reproches à moi ! Parce qu’en réalité qui a écrit ce papier ? En réalité qui me fait parler ? Qui me fait faire des âneries et raconter vraiment n’importe quoi ? »
Je me retire le plus dignement possible.
« Les montagnes de l’Ardèche sont fatiguées de chaleur et de brume. » Moi aussi. Alors je passe la main aux "Lectures de Martine " (sa note du 15 juin) qui vous racontera mieux que moi, et sûrement mieux que la chèvre, ce week-end de livres ensoleillés.
Rédigé à 19:01 dans littérature française et anglosaxonne | Lien permanent | Commentaires (5) | TrackBack (0)
Rédigé à 18:03 dans littérature française et anglosaxonne | Lien permanent | Commentaires (4) | TrackBack (0)
Empreint de la magie enchanteresse de ce lieu envoûtant, l’enchantement subtil des livres se mélange harmonieusement avec l’esprit créatif de leurs auteurs saisis subitement d’une tendresse débordante pour leur progéniture. Parmi eux, avec grâce et distinction, Jacques André se promène, tel un sage, distillant aux uns et aux autres paroles d’encouragement et de félicitations. Sa silhouette frêle au profil d’aigle se faufile entre les écrivains muets devant l’aura dégagée par cet homme si bon. Subitement il s’arrête, son regard soudain capté par une image insolite : « Diantre, » s’éxclame-t-il de sa voix mélodieuse, « Que vois-je apparaître devant mes yeux ébahis ? Serait-ce enfin cette chose étrange que tant d’hommes ont cherché depuis tant et tant d’années ? Je crois bien que… »
SPLATZ ! BING ! SLOTCH ! WHAM !
Je ne suis pas arrivée à temps, ma déconfiture est sans bornes ainsi que les excuses que j’offre platement à la blogosphère dans sa totalité.
À demain pour des billets normaux.
Ce soir, l’heure est au règlement de comptes.
Rédigé à 14:07 dans littérature française et anglosaxonne | Lien permanent | Commentaires (4) | TrackBack (0)
Mary est fatiguée et le berger introuvable, j’ai donc pris sur moi la responsabilité d’écrire un compte-rendu de la journée d’hier. Vous remarquerez tout de suite, que mon écriture ne ressemble en rien à cette Anglaise qui persiste à écrire en français. Vous retrouvez, je pense, une certaine poésie châtiée, et un classicisme de bon aloi qui manque totalement à l’écrivain suscité.
Récit d'une Book Party Drômois par la chèvre elle-même.
Face aux montagnes ardéchoises fatiguées de chaleur et de brume, sous un soleil de plomb qui flirtait dangereusement avec une sombre possibilité d’orage avait lieu, dans la plaine heureuse qui est moins heureuse maintenant car elle possède autoroute, TGV, gazoduc et ligne à haute tension, le « book party » annuel de l’éditeur Jacques André.
Éparpillés dans le jardin tacheté de rayons de soleil, les livres suspendus, couchés, recroquevillés, ouverts, fermés, endormis attendaient le lecteur avide de sensations littéraires inédites.
Une soixantaine de convives, littérairement avertis, se pressaient autour d’un buffet où des mets somptueusement préparés par ces mêmes convives littérairement avertis mettaient l’eau à la bouche et parfois ailleurs.
Le chant des oiseaux s’harmonisait délicatement avec des conversations lettrées agrémentées d’anecdotes spirituellement appropriées et de hochements de tête savants.
Vous eussiez vu et entendu, vous eussiez été émerveillés de l’enchantement de ce lieu magique.
À suivre.
Rédigé à 14:21 dans littérature française et anglosaxonne | Lien permanent | Commentaires (6) | TrackBack (0)
Dimanche il fera beau. Pas « dimanche il fera peut-être beau », ou « dimanche j’aimerais qu’il fasse beau », et surtout pas « dimanche je ne pense pas qu’il pleuve ». Dimanche Jacques André reçoit ses auteurs, les amis de ses auteurs et les amis des amis. Tous les ans en juin il réunit son monde et c’est un moment très particulier pour cette communauté des lettres. Il n’est plus question de manuscrit refusé ou à retravailler, de couverture qui fâche, ou de page blanche mais juste un moment pour se retrouver et pour rêver. Il y a toujours de la musique, des contes, de la poésie, des échanges, des projets échafaudés, et au moment de se séparer, on se dit que l’écriture est tout de même une belle aventure.
Cette année Jacques André réunit son monde dans la Drôme.
La chèvre est invitée.
Rédigé à 20:15 dans Culture | Lien permanent | Commentaires (8) | TrackBack (0)
Assise à mon bureau entourée d’un foutoir grandiose qui me rassure et me stabilise un tout petit livre fait son possible pour émerger du désordre et se rapprocher de moi.
« Tu ne veux pas me parler ? » Bien sûr que je veux lui parler. « Tu ne me trouves pas beau ? » Si je le trouve beau. Il est un peu petit, c’est incontestable, mais Mozart n’était pas grand, Napoléon non plus. En plus tout ce que je fais en ce moment est petit. « Je suis tout de même plus grand que « le bébé » qui ne faisait que 63 pages ! » Exact, mais moins grand que « le Journal désespéré » qui en fait 77 sans parler d’" Au Secours Mrs Dalloway ", (ce que j’ai fait de plus normal,) avec 258 pages. Il encaisse la mine boudeuse. Je l’écarte doucement. Il revient, obstiné. « Pour "Le journal Désespéré d’un Écrivain Raté " tu as fait des tas d’articles, tu en parlais sans arrêt. » C’est un peu vrai. « Pour " Et le bébé était cuit à point" tu as même fait un petit concours avec trois exemplaires à gagner ! » Je ne connaîs pas ses sources mais elles sont irréfutables. « Et pour moi, » il se dresse sur la tranche, « et pour moi, qu’as-tu fait ? » Rien. Je n’ai absolument rien fait pour cet enfant qui, à juste titre, m’en fait amèrement le reproche. « En plus, » la voix n’est plus très sûre, « je ne suis pas fait pour être lu. Je suis fait pour être joué ! » Et c’est bien là tout le problème. Écrite pour le vingtième anniversaire du festival « Saoû chante Mozart », cette pièce devait être jouée, ensuite pas jouée, rangée dans un tiroir, puis, grâce aux efforts combinés de Pierre Vallier, Henry Fuoc et Jacques André, elle a finalement vu le jour. « A happy end » en somme et je le lui fais remarquer. « J’aurais préféré rester dans un tiroir pour l’éternité ! » déclame-t-il, plus Louis Jouvet que Georges Clooney. Je passe sous silence ces histrionismes mal placés et continue de ma voix la plus douce en disant qu’il va voir énormément de monde. Qu’il va assister à au moins deux concerts, le 8 et le 14 juillet, qu’il fera vraiment partie du festival. Il ne répond pas. Je caresse doucement le ventre du violoncelle, je frôle l’archet, je passe l’index sur Le visiteur de Saoû, comédie pour mélomanes. Je prends cet enfant malheureux et le serre contre mon cœur. Sa respiration, de plus en plus profonde, fait tourner délicatement les pages et dans un souffle j’entends sa voix :
« D’où je viens il n’y a ni pluie, ni neige, ni grêle, ni vent ! Il ne fait ni chaud ni froid et les saisons se confondent dans une seule et éternelle béatitude… En résumé, je souffre d’éternité chronique, et je m’enmerde ! » (page 57)
Puis doucement, d’une voix à peine audible, mais que j’entends avec une clarté qui m’émerveille, il joue sa pièce, pour moi.
Tout simplement.
Rédigé à 17:49 dans littérature française et anglosaxonne | Lien permanent | Commentaires (17) | TrackBack (0)
Stephan Elliot a beau être australien, il connaît l’Angleterre mieux que n’importe qui. Son « Mariage de Rêve », est un délicieux mets britannique avec tous les ingrédients nécessaires pour réussir une comédie légère : dialogues enchanteurs, personnages ambivalents, une marâtre redoutable, et des secrets pour tout le monde. Sorte d’Agatha Christie joyeuse mais qui nous oblige à réfléchir sur le pourquoi et le comment de la société anglaise des années 30 et la cicatrice douloureuse laissée par la grande guerre. Kristan Scott Thomas est parfaite en aristocrate psychorigide menant son petit monde à la baguette sans vraiment contrôler personne car Jessica Biel en aventurière américaine va faire exploser le train train immuable de cette société bien particulière. Et Colin Firth. Ses fans seront comblés car il trouve ici son plus beau rôle depuis le ténébreux Darcy de « Pride and Prejudice. »
What else can I say ? Ne le manquez sous aucun prétexte.
And , of course, en anglais dans le texte.
Rédigé à 16:31 dans cinéma | Lien permanent | Commentaires (7) | TrackBack (0)
Je n’ai pas aimé le livre et détesté le film, mais ayant eu la bonne idée d’attendre son passage à la télévision j’ai pu zapper lorsque les cheveux de Tom Hanks et la moue d’Audrey Tautou devenaient franchement insupportables. Pourquoi, alors que le Da Vinci code fut un supplice, avoir récidivé avec « Angels and Demons » ? En réalité partis pour « The Reader » nous avons un peu embrouillé les horaires pour nous retrouver dans une salle comble, frétillante d’anticipation consentante, et prête à plonger à fond dans la symbolique gothicoréligieuse.
J’avais lu une critique positive dans un journal dont la charité m’oblige à taire le nom expliquant la supériorité d’ « Angels and Demons » par rapport à son lamentable prédécesseur. Il y a effectivement deux points positifs. Tout d’abord, neuf minutes de moins que le précédent film suscité. Cela semble peu, mais lorsque l’on souffre c’est appréciable. Ensuite Tom Hanks est passé chez le coiffeur, une nette amélioration par rapport à sa première prestation. Mais je ne vois rien d’autre pour racheter ce lamentable pot pourri vaguement gore et totalement incrédible. Quant aux acteurs manifestement le cœur n’y est pas. Tom Hanks se borne à une seule expression sensée traduire une profonde réflexion ce qui lui permit d’arriver juste après les assassinats en cascade quand il n’en provoque pas d’autres, Stellen Skargard pas encore remis des avances de Julie Walters dans Mama Mia joue les obtus, et Ayelet Zurer fait un service minimum. Quant au diaboliquement méchant, Ewan McGregor, une raie sur le côté ne suffit pas pour le transformer en camerlingue et en songeant tristement à « Train Spotting » and « Shallow Grave », on se demande comment ce sympathique acteur a pu s’égarer dans un navet pareil.
Vous aurez compris, je n’ai pas aimé ce film.
À la fin quelques égarés ont applaudi.
Je suis au désespoir.
Rédigé à 15:00 dans cinéma | Lien permanent | Commentaires (23) | TrackBack (0)
Chère Ségolène,
J’ai bien reçu le petit carnet et je t’en remercie de tout cœur. Je marquerai toutes tes merveilleuses inventions linguistiques avec promptitude, sois sans crainte. Comme tu le sais je suis une Anglaise amoureuse de la langue française, et qui admire avec une amplitude sans bornes la façon dont tu domptes cette langue bien capricieuse.
J’ai bien souri en lisant ton compte-rendu de la réunion de l’autre soir. Je ne sais pas ce que tu vas faire avec ta statue africaine, mais j’ai bien peur que Martine ne casse séance tenante la porcelaine que tu lui avais sournoisement offerte ! Si la statue t’embête vraiment la chèvre se propose en toute simplicitude de te la prendre, elle est très « ethnique » en ce moment et rêve de vastitudes désertiques.
Tu étais vraiment très belle avec tes cheveux tirés en arrière et tes dents bien en avant. Mais ce qui m’a le plus frappé c’était ta voix dont la profondeur ne pouvait qu’émouvoir. De tes lèvres, ourlées de satin, (à ton contact je deviens poète, moi qui ai toujours eu des problèmes avec les tournures tant soit peu enrobées), tombaient des platitudes cristallines d’une sincérité toute politique. En résumé, tu as cartonnée. La seule fausse note, les cornes de brumes qui ont accueilli ton discours et qui pouvaient sous-entendre que tu naviguais dans le brouillard. Mais avec la rectitude que l’on te connaît, le regard en fer de lance, la rigidité noble qui te caractérise, et la bravitude qui te poursuit en toutes circonstances un peu de brouillard ne doit pas te faire bien peur.
Je t’envoie un exemplaire de la pièce que j’ai écrite pour les vingt ans du festival « Saoû chante Mozart » et dont je viens de recevoir les premiers exemplaires. Tu liras attentivement la dédicace, sorte de résumé de l’immensitude de mon admiration pour la femme politique que tu es et l’amie que tu es devenue.
La vie sans toi serait bien morne.
Avec l’assurance de ma bien fidèle mansuétude,
Mary.
Rédigé à 15:05 dans Actualité | Lien permanent | Commentaires (2) | TrackBack (0)
Je viens de terminer la lecture de Millenium, tome 1 et 2 avec un certain retard sur le monde en général et la France en particulier.
Après un début un peu laborieux tome 1 est un formidable page turner, ce qui n’est pas le cas du tome 2 . Les événements sont disséqués par la police, par Michael Blomskist, Lisbeth Salander, Mimi Wu et combien d’autres membres du casting volumineux, créant un ensemble lourd et répétitif. Les choses ne démarrent vraiment qu’une fois passée la page 500. Là, le regretté Stieg Larson offre au lecteur consciencieux un dénouement puissant qui récompense son assiduité.
Je suis néanmoins jalouse. Non pas parce que Stieg Larson a vendu une quantité inimaginable de livres, (peut-être un peu tout de même,) mais parce qu’il a su créer un des personnages le plus formidable de la littérature contemporaine : Lisbeth Salander.
Tatouée, piercée, maigre à pleurer, plus gothique qu’Amélie Nothomb, avec un cerveau démesuré et une force de frappe inversement proportionnelle a son poids, elle a une présence telle que les autres personnages paraissent bien pâles en comparaison. D’ailleurs la faille du tome 2 est patente : pas assez de Salander et trop des autres dont des policiers divers et nombreux sans grand intérêt pour le déroulement de l’intrigue. Malgré cette petite déception, je m’apprête à attaquer La Reine de palais des courants d’air avec l’enthousiasme d’une groupie chevronnée.
Je guette la sortie du film et plains l’actrice choisie pour interpréter Salander. Il paraît que sa prestation est excellente. Je reste sceptique et réserve mon jugement.
Et puis, la vie n’étant qu’un éternel recommencement, demain nous partons pour trois jours studieux aux archives de la Bibliothèque Universitaire de Lausanne avant de prendre le chemin de nos lacs tant aimés.
(J’étais très absente et ne suis plus drôle du tout. Le travail pèse et je compte sur le séjour italien pour éclaircir mon esprit et alléger le nuage noir qui plane juste au-dessus de ma tête.)
Rédigé à 19:15 dans cinéma | Lien permanent | Commentaires (12) | TrackBack (0)
La chèvre est pour le pantalon. La jupe, d'après elle, mais tout ce qu'elle dit est sujet à caution, est un truc de macho.
Mélodie est pour la mini-jupe. Avec son tour de taille je n'ose même pas y penser.
Le frère et la soeur n'ont pas encore digéré leur chocolat et préfèrent ne pas se prononcer.
Rédigé à 20:49 dans Actualité | Lien permanent | Commentaires (21) | TrackBack (0)
Le Salon du livre de Genève était une expérience formidable. Le stand Rhône-Alpes était beau, (merci l’ARALD) l’accueil de François Chazelle (libraire lyonnais aussi efficace que charmant) et son équipe, chaleureux, les rencontres riches.
Quelques exemples. L’illustratrice Sylvie Bleeckx, un énorme talent à suivre, l’écrivain Hélène Favre-Richard et ses contes bilingues,Francesco Biamonte passionné de littérature suisse, Daniel Fattorius et Lucas Vuilleumier des amis qui ne sont plus virtuels, Antonin des « Éditions d’en bas », dont la délicatesse avec laquelle il rangeait ses livres m’a émue, et mon voisin au stand Rhône-Alpes Léo Gantelet formidable pèlerin qui, raconte ses 88 jours de marche d’Annecy jusqu’à St Jacques de Compostelle. Et, bien entendu, les lecteurs.
Mais tout en signant des livres, je disposais de quelques plages de calme qui m’ont permis des réflexions psycho-sociologiques.
Tout d’abord, les bébés suisses ne lisent pas. Généralement, dans les Salons, les troupeaux de poussettes, des bébés suspendus inconfortablement, ou perchés sur les épaules de leurs pères sont légion. Ici les tout petits sont restés à la maison. Leurs mères étaient là pourtant dont 95% en pantalons. Alors je me suis posé la question : où sont passées les jambes d’antan ? (Ce pourcentage est valable pour n’importe quel salon ou rassemblement, débordant largement du cadre suisse.) Les femmes sont redevenues « Chanel », car c’est un peu par sa faute que le pantalon a remplacé la jupe. Quant aux hommes, quelques barbes qui relevaient plus de la distraction que d’une coquetterie voulue, zéro moustaches et cheveux plutôt courts. Pour les femmes, les cheveux longs s’imposent partout, volumineux et aguichants : jeux de cheveux remplaçant jeux de jambes.Tenues pour tout le monde strictement sport plus que décontracté. Normal, samedi étant une extension de « casual Friday ».
Faisant partie des 5% en jupe, je me retrouve à contre courant. En plus parmi les 5 % beaucoup les portaient jusqu’aux chevilles. Je reste perplexe et sollicite l’avis des hommes.
Je demanderai aussi l’avis des animaux une fois qu’ils auront digéré leur chocolat.
Rédigé à 19:18 dans littérature française et anglosaxonne | Lien permanent | Commentaires (16) | TrackBack (0)
Je suis submergée par une immense vague de nostalgie. Une vague de douceur et d’émotion. Une vague de regrets également car cela fait maintenant 10 ans que la Louisiane me manque. Dire que j’ai couru voir Electric Mist serait en dessous de la vérité. Et je n’étais pas déçue. Ce n’est pas un grand film, mais un bon film, la distinction est importante. La présence d’improbables soldats sudistes, dont un général philosophe, n’apporte rien, mais Tommy Lee Jones est magnifique, et son visage labouré par la vie ne peut qu’émouvoir. Et surtout, en grande vedette américaine, il y a la Louisiane.
Voir les brumes qui montent des bayous, écouter le silence dans la pénombre des live oaks, effleurer le spanish moss qui entourent amoureusement leurs branches, tout est magie et mystère. Voir une plantation house, je crois avoir reconnu Nottoway, donne envie de siroter un mint julip en regardant le Mississipi qui coule, langoureusement, à l’abri des levées. La musique des vieux jazz men de Preservation Hall, le Français si attachant des cajuns, les noms qui nous rappellent que la France n’est jamais loin, tout est séduction. Tout nous envoûte.
Vous aurez compris que je n’ai pas vu le même film que tout le monde. Mais je vous laisse car j’ai rendez-vous avec Rhet Butler. Contrairement au général, il est en pleine forme et souhaite me faire part de ses sentiments. Lassé par les caprices de Scarlett, c’est un cœur prendre.
Je ne vais pas me gêner.
Rédigé à 19:25 dans cinéma | Lien permanent | Commentaires (11) | TrackBack (0)
« Tu me rapporteras du chocolat ? » La tête de Mélodie est posée sur mes genoux, ses yeux implorent. Je regarde ses flancs qui implorent également et me dis que cela ne sera pas raisonnable. Lors de sa dernière visite, le vétérinaire a conclu à une grossesse assez avancée. Mélodie avait pleuré : « Je suis une vierge consacrée, pure comme l’eau cristalline du ruisseau. » Pour l’eau, je ne suis plus très sûre, mais pour Mélodie je mettrai ma main au feu.
« S’il te plaît. » Elle implore et, bien entendu, je cède.
« Je voudrais une cloche aussi. » Je suis étonnée. « Si, c’est très important. Ces jours-ci j’ai l’impression de me perdre, alors que si j’ai une cloche je saurais toujours où je suis. » C’est logique, mais inquiétant. Au lieu de parler « grossesse » le vétérinaire aurait été inspiré de se préoccuper de sa santé mentale. J’acquiesce mollement.
« C ‘est quoi toutes ces chuchoteries ? » La chèvre est là, impérativement curieuse. Mélodie explique. La chèvre écoute attentivement, puis éclate de rire, ou ce que les chèvres font du plus approchant, sorte de gargouillement étranglé.
« Je ne crois pas mes oreilles ! » Et pourtant c’est vrai.
« Tu n’es déjà pas connue en France alors je ne vois pas l’intérêt de partir à l’étranger ! » Je fais semblant de ne pas comprendre. « Si toute fois on peut considérer la Suisse comme un pays étranger. Étrange sans doute, étranger sûrement pas. » Les Suisses apprécieront et j’interviens énergiquement. J’ai des amis suisses très chers et je ne supporte pas cette façon de parler de leur pays que j’adore. « Oh là là, qu’est-ce que tu deviens susceptible. Bon, si tu veux on va dire que la Suisse est un pays étranger, que les Suisses sont sympathiques… » c’est mieux, «… mais je ne vois toujours pas ce que tu vas faire à Genève pour un Salon du Livre. « Elle se gratte élégamment avec une corne. « Au fait, pendant que tu y es, je serais d’accord pour du chocolat et aussi pour une cloche. »
Deux chèvres avec des cloches et qui se cherchent me semblent beaucoup. Je leur apporterai des cloches en chocolat ce qui leur permettra d’avoir une cloche silencieuse et à demeure.
Si jamais j’ai des lecteurs suisses ou frontaliers, je serai au Salon du livre de Genève au stand de l’ARALD (Association Rhône-Alpes des livres et de la documentation), le Samedi 25 Avril à partir de 10h 30. Les chèvres seront, aussi, les bienvenues.
Rédigé à 20:32 dans littérature française et anglosaxonne | Lien permanent | Commentaires (10) | TrackBack (0)
Chère Amie,
Tout d’abord je voudrais vous dire à quel point vos démarches m’enthousiasment. Il est difficile de dire « pardon », tellement dur d’admettre ses torts. Que vous ayez pris sur vous cette immense tâche, au nom de la France, ne peut qu’émouvoir. La responsabilité est énorme. Devenir la personnification du « pardon » est carrément biblique et je salue votre courage et votre abnégation.
Puis-je me permettre de vous soumettre quelques cas qui me sont douloureux et qui auraient nécessité une démarche similaire si je n’avais pas été aussi lâche. Si vous pouviez vous en occuper, je vous serais reconnaissante et ne manquerais pas de vous consacrer quelques notes bien senties.
Demandez pardon à ma belle-mère pour l’horrible cruche en porcelaine avec incrustation de coquillages qu’elle m’avait offerte et que j’ai cassé un peu exprès. (Vous l’auriez vue, vous m’accorderiez des circonstances atténuantes.)
Demandez pardon aux pigeons, poules et canards que nous avons, lâchement, mangés. (Ils avaient été grassement entretenus avant leur décès.)
Demandez pardon à ma cousine à qui j’ai dit qu’elle avait grossi alors qu’elle suivait un régime amincissant.
Demandez pardon à l’adjoint au maire que je n’ai pas reconnu, donc pas salué et qui dit à tout le village que les Anglais sont snobs.
Demandez pardon à ma grand-mère d’avoir caché son chapeau aux plumes de faisan. (Les vrais avaient pris peur et sont allés nicher ailleurs.)
Je m’arrête là car je vous sais très occupée. Je vous joins trois enveloppes timbrées seulement car ma belle-mère, ma grand-mère et les oiseaux si délicieux ne sont plus de ce monde. Je fais confiance à votre charisme, l’au-delà ne doit vous poser aucun problème.
En vous remerciant d’avance pour tout ce que vous faites pour la France, pour l’Europe et pour le monde, je vous prie de croire, Chère Amie, à l'assurance de ma gratitude éternelle.
M.D.
Rédigé à 18:17 dans Actualité | Lien permanent | Commentaires (12) | TrackBack (0)
Taguée par Sympho 2, voici le résultat :
Quatre jobs que j’aurais aimés exercer :
Avocat, pour continuer de mentir.
Professeur de Français pour ne plus faire de fautes dans cette belle langue.
Footballeur professionnel pour le salaire.
Chanteur d’opéra pour le total thrill.
Quatre films que je connais par cœur :
Gaslight avec Ingrid Bergman et Charles Boyer.
Srangers on the Train pour le psychopathe le plus formidable du grand écran, Robert Walker inoubliable.
All about Eve Bette Davies au zénith.
Casablanca Humphrey Bogart and Ingrid Bergman, séduction absolue.
Quatre livres préférés :
Pride and Prejudice de qui vous savez.
The way we live now d’Anthony Troloppe.
Inconnu à cette adresse de Kressman Taylor. Un chef d’œuvre en moins de 100 pages.
Le Rouge et le Noir de Stendhal.
Quatre émissions ou séries :
Desperate Houswives
Dexter (sometimes)
24 heures (idem)
The Sopranos.
Quatre endroits pour des vacances :
Captiva Island (Côte ouest de la Floride)
Le Lac Majeur
The Lake District
Rome.
Quatre webs quotidiens :
Impossible à répondre, surtout en ce moment où je ne vais nulle part pour cause de surcroît de travail.
Quatre plats que je ne mangerai jamais :
Les escargots
Les huîtres pour cause d’immense intoxication
Les diots (idem)
Le cheval and of course le chien
Quatre plats que j’adore :
English breakfast à tous les repas
La langouste n’importe comment.
Les plats de pâtes aux bords du lac Majeur
La dinde à l’Anglaise
Quatre endroits où j’aimerais être en ce moment :
Voir quatre endroits pour les vacances.
Quatre personnalités actuelles ou du passé que j’aimerais ou que j’aurais aimé rencontrer
Jules César
Napoléon 111 (surtout pas l’autre.)
Pierre Laval
Virginia Woolf
Quatre vœux pour l’année prochaine :
Un monde moins pollué.
Un monde en paix.
Un monde moins violent (pas forcément la même chose que le vœux précédent)
Un monde plus généreux.
Quatre centres d’intérêts ou d’activités
La littérature
Le cinéma
L’histoire
Mon jardin et les animaux
Et je passe la main à Azyade .Letuska , Joëlle , Edmée
Rédigé à 19:36 | Lien permanent | Commentaires (4) | TrackBack (0)
« Tu es connue ? » Numéro 5, est à peine inquiet car ma réponse tarde à venir. Après mûre réflexion je réponds par la négative. « Alors comment fais-tu pour vendre tes livres ? » À sept ans il a tout compris et il n’y a malheureusement rien à ajouter. Il continue, impitoyable : « La Chèvre, elle te connaît ? » Sans aucun doute. « Alors, tu vois tu es connue quand même.» La confirmation de cette notoriété inutile le satisfait totalement et il part s’occuper de l’essentiel.Quant à moi, je prends la direction du village chercher de quoi calmer l’agressivité des appétits insondables de ceux venus faire leurs Pâques dans la Drôme. Et c’est en sortant de la charcuterie de la Grande Rue, qui est toute petite, que j’ai rencontré mon destin.
« Je vous connais », fait une petite dame, sourire radieux et maquillage technicolor. Mon rythme cardiaque s’accélère, ma bouche est sèche, mon étonnement sans bornes. Je souris également, essayant d’adopter une attitude littéraire emprunte de modestie. « Je vous connais », continue cette étrangère pour laquelle je sens une immense affection, « je vous connais, vous êtes Mary Dollinger ! » J’acquiesce humblement. « J’aimerais trop une autographe ! » Mon bonheur est au zénith. Je cherche un stylo, un morceau de papier, prépare quelques mots bien choisis, pas trop condescendants, et lui demande lequel de mes livres elle a le plus aimé. Elle marque un temps d’arrêt. Son maquillage vire au noir et blanc. « Vous m’avez mal comprise, » et pourtant tout semble limpide, « je voudrais une autographe de la Chèvre ! Vos livres, vous savez… »
Les points de suspension s’étirent à l’infini accompagnés par mon anéantissement. J’ai demandé à Jacques André de modifier la quatrième de couverture où vous lirez désormais :
« Mary Dollinger, par qui la Chèvre est arrivée. »
Rédigé à 17:52 dans Moi | Lien permanent | Commentaires (15) | TrackBack (0)
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